A vélo en République Dominicaine : l'envers du décor

On ne s'attendait pas du tout à faire un voyage pareil quand en juin j'ai pris ces billets d'avion sur une nouvelle compagnie low cost : la République Dominicaine n'évoquait pour nous que des plages ourlées de cocotiers sous le soleil des Caraïbes et un tourisme très développé. Nous sommes partis très peu informés sur le pays, non pour éviter l'effort de nous documenter, mais parce que nous n'avons trouvé aucun témoignage sur le cyclisme dans l'île -inexistant-, et nous aimons garder l'esprit libre pour nos propres interprétations sur place.
Au cours de ce fantastique voyage de 20 étapes en cyclotourisme, nous avons vécu des choses extrêmement fortes et contrastées qui nous ont parfois totalement séduits, mais aussi mis souvent mal à l'aise. Et comme toujours en voyage, nous formons tous les deux une équipe soudée, attentifs l'un à l'autre, dotés d'autant de calme, de sang froid que de bonne humeur.



En pédalant à travers le pays, l'état de dénuement et la pauvreté d'une partie de la population nous à fait penser à l'Inde et à l'Afrique d'il y a vingt ans. Dans certaines régions côtières, le tourisme extravagant et débridé nous a vite fait comprendre que ce pays ne profite pas de cette mane économique. Les grands resorts, de gestion étrangère, sont certes pourvoyeurs d'emploi, mais de peu d'autres bénéfices, sans dire qu'ils s'approprient une grande partie des plus beaux territoires, avec leurs immenses murs et barrières, des zones entières sont impénétrables et des routes figurant sur notre carte sont englobées dans ces propriétés. Sur place, on a beaucoup entendu parler de corruption et d'hôteliers qui ne payent pas leurs impôts. L'injustice raciale est flagrante, les bidonvilles sont aux portes des palaces. A la télé et dans les journaux il n'y pas que des blancs et des métis clairs ou éclaircis et défrisés. Dans la rue, on ne voit que des noirs.

Sur le plan de l'écologie,  le pays est jonché de déchets de toutes sortes. Sur les bas côtés, sacs, boites en polystyrène, déchets divers gachent le paysage. Dans les magasins, la quantité de plastique pour emballer les aliments qu'on nous donne est délirante... En ville, on trouve des poubelles et les ordures sont ramassées régulièrement. Mais dans les campagnes, il n'y a aucune poubelle ni aucun ramassage organisé. Et parfois, on voit des "décharges" en feu.

Enfin, alors que sur la planète on ne parle que de terrorisme, en République Dominicaine il y a sans doute du danger lié à la circulation routière, mais on ne ressent aucune insécurité liée à la religion, sans doute parce qu'il n'y en a qu'une seule et par conséquent aucun prosélytisme.

Notre voyage

Débarqués à l'aéroport de Punta Cana, nous avions comme seul plan de route l'idée de commencer notre tour de l'île par le sud, avec les premières nuits réservées dans de petits hôtels. A part ça, c'est l'inconnu et on avance au feeling.

De Bavaro à Saint-Domingue

Vendredi 16 décembre
Nous passons deux nuits à Bavaro, station balnéaire qui abrite d'énormes resorts et hôtels de luxe, et on découvre les conditions qui nous accompagneront tout le long du voyage :
- il fait chaud avec pas mal de vent ce qui rend les températures supportables,
- il pleut un peu tous les jours, surtout la nuit avec d'énormes quantités d'eau en quelques minutes,
- il y a des motos partout et finalement assez peu de voitures, mais toujours grosses et aux vitres fumées,
- ça roule dans tous les sens mais pas trop vite.
Pendant la journée intermédiaire, nous faisons une petite balade à Macao pour goûter aux plaisirs de la plage magnifique. 60km, 34 degrés.

Dimanche 18 décembre
En partant  pour Bayahibe, nous traversons notre première grande ville, Higuëy, et c'est vraiment un cauchemar. La circulation est invraisemblable mais on s'intègre dans le flux sans trop de danger. A la campagne c'est beaucoup plus calme même si presque chaque moto ou voiture klaxonne, et ce n'est pas seulement pour nous, c'est un réflexe chez eux !
En traversant les plantations de canne à sucre, nous mesurons la difficulté du sort des ouvriers agricoles, souvent Haïtiens sans papiers mais tolérés comme main d'oeuvre exploitée.

Dans les rizières du nord, de la boue jusqu'aux cuisses
Dans le minuscule village côtier de Bayahibe, point de départ des excursions dans un parc naturel, on est plongé dans ce contraste fascinant : de la terrasse d'un café nous observons les touristes ivres qui débarquent de bateaux d'excursion où en quelques heures, ils ont à la fois navigué, visité, nagé et bu. Puis une fois tous les bus repartis dans les hôtels, c'est au tour des habitants locaux de se lâcher et notre bungalow, tout au centre du village, se retrouve au beau milieu d'un dance floor avec plusieurs scènes.
Au moins 10 enceintes sur cette voiture qui se déplace de bar en bar le soir
Les voitures-sono garées dans les rues déversent des décibels qui font vibrer nos organes et déclenchent les alarmes des autres voitures et des bâtiments. C'est comme des "battle" de musique, et quand on se balade, on passe d'un son à l'autre. Et ça dure des heures... mais que leur musique est bonne !
Total pour la journée : 87 km, 400 D+.
Décorations de Noël à Bayahibe

Lundi 19 décembre
Nous passons notre journée sur la voie rapide n°3... il n'y a pas le choix d'autre route. Rouler sur les voies rapides et autoroutes n'est pas dangereux -il y a toujours une voie pour les 2-roues- mais c'est bruyant et les véhicules sont terriblement polluants ! On roulera souvent avec un buff sur le nez car on a vite la gorge qui pique.
L'autouroute est toute droite, sans relief, sans arrêt possible, et après 40 km on s'ennuie alors on décide de faire un break pour un café à San Pedro de Marcoris. Quelle mauvaise idée ! Encore une ville horrible : c'est défoncé, abandonné, gris et très sale, mais il y a des gens partout qui globalement ne font pas attention à nous.
Retour sur l'autoroute où on passe notre premier péage ! En restant sur la file des 2-roues c'est gratuit pour nous... Il n'y a pas de panneaux indicateurs et on rate notre sortie : nous voici à contresens bien à l'abri dans notre voie des 2-roues pour trouver le petit village côtier de Juan Dolio, sa jolie plage et son hôtel pourri... Dans cette étape, on a eu plein de bons moments : la bière bue sous la paillote était bien fraîche, l'averse n'est tombée qu'après notre étape, et l'hôtelier autrichien bien sympathique nous a fait partager son muësli au petit déjeuner !
C'est affiché dans notre chambre !

Dans nos hôtels (en moyenne 20 € la nuit) , il y a plusieurs constantes : il y a toujours de la place, inutile de réserver. Le lit est toujours très très dur. La journée, il n'y a pas d'électricité, c'est normal. Il n'y a pas d'eau chaude mais on s'habitue et ça ravigore, la nuit c'est toujours bruyant : quand ce n'est pas la musique, c'est le générateur électrique ou le moteur de la clim du voisin, les chiens ou les coqs...
88 km

Mardi 20 décembre
Retour sur l'autoroute dont nous sortons à Boca Chica pour faire un break : la mer est magnifique, la plage immense, la barrière de corail crée une piscine naturelle qui donne bien envie... Mais en 20 minutes, on est sollicités par 10 personnes qui veulent nous vendre ou nous demander des dollars. Nous ne sommes rien d'autre à leurs yeux que des portefeuilles à pattes.... américains bien sûr !

L'entrée à Saint-Domingue est la pire expérience de notre vie de cyclotouriste : c'est pire que Bangkok. Comment décrire ? Une autoroute qui s'élargit, qui enfle, pas de panneaux, des embranchements partout, des petits murs entre les voies, une pollution terrible, un bruit pas possible, on commence à sentir un peu le danger ... Mais ça finit par passer et c'est très éprouvés que nous franchissons enfin le fleuve Ozuma qui borde le centre ville après 60 km.

Sur le pont de la rivière Ozuma à Saint-Domingue
A Saint-Domingue, la ville ancienne est sympa et très intéressante. Nous visitons un seul musée, celui consacré à la découverte par Christophe Colomb, à la colonisation, au génocide du peuple indigène des Taïno et à l'esclavage. Il a fait mieux que Hitler celui-là !
60 km
Dans le jardin du musée

Art naïf : il y en a partout dans les villes

La péninsule de Pédernales vers Haïti

Jeudi 22 décembre
Pour nous éviter le cauchemar de la sortie de Saint-Domingue, on décide de prendre un grand bus jaune de Caribe Tour, compagnie nationale, avec nos vélos. A la gare routière où nous arrivons 3 heures en avance car il est impossible de réserver sa place, c'est le règne de la désorganisation. Notre bus est en retard et les dizaines d'employés chargés de gérer les gens et leurs énormes bagages (du mobilier, des poules, des sacs de marchandises, des cartons) ne nous aident pas vraiment... Quand le bus arrive enfin, c'est chacun pour soi et les cales se remplissent avant même qu'on ait eu le temps de réagir, guindés dans notre discipline européenne. Bref les vélos sont mis dans une cale à part, puis ressortis, puis remis dans un autre cale déjà pleine, on pousse ... heureusement qu'ils ne sont pas fragiles. Quand on monte enfin dans le bus, c'est plein mais le chauffeur fait pousser les enfants pour qu'on puisse s'asseoir et c'est parti pour 3 heures de voyage vers Barahona. A l'arrivée, le déchargement de ces tonnes de bagages se fait dans un bordel total et dans les cris au milieu d'une rue encombrée... vite on se sauve en vélo sur la route de Paraiso.
Merci à la famille qui a fait la photo de nous deux : 6 enfants, pas d'électricité, pas d'eau courante, mais vue sur la mer !


Nous sommes dans péninsule de Pedernales, au sud-ouest du pays, près d'Haïti. C'est beaucoup plus sec, chaud et désertique, et encore plus pauvre : ça ressemble beaucoup à l'Afrique ! La route cotière est jolie avec beaucoup de côtes. Nous passerons 2 jours dans cette région basés à Los Patos : ici on peut se baigner dans un "trou" ou lagune, c'est une rivière fraiche qui descend des montagnes et qui forme un lac avant de se jeter dans la mer, c'est splendide et l'eau est si claire !

Plus qu'ailleurs, la musique est partout, à fond et tout le temps. Mais toujours aussi bonne : une espèce d'électro ethnique qu'on adore même quand ça recommence à 5h du matin !



Samedi 24 décembre
Nous revenons à Barahona par la même et unique route et nous prenons le guagua (bus local) avec nos vélos pour couper l'étape trop longue entre deux villes où on a une chance de trouver un hôtel.

Dans ce bus régional, c'est beaucoup plus sympa : le chauffeur charge sans hésiter nos vélos sur 4 places passagers, et quand il est plein il part. Un grand moment que ce voyage d'une heure trente : c'est une authentique tranche de vie : le contrôleur est tellement ivre qu'il ne se rend pas compte qu'il perd son pantalon, 4 jeunes garçons si beaux avec des coupes de cheveux très élaborées, un vieil homme trés trés pauvre et ridé qui voyage avec un très gros sac de légumes, des enfants sages et toujours bien habillés, une femme taillée comme un rugbyman qui se lève pour aller boire du rhum au goulot de la bouteille d'un passager, et de la musique... excellente et à fond.
Nous descendons du bus à Azua et remontons sur nos vélos pour passer un col à 270m avant d'arriver à Bani. Au total, c'est une étape chaude et fatigante de 96 km.

Les montagnes et la cordillère du centre

Dimanche 25 décembre
Nous sommes très excités d'aller enfin en montagne. Mais avant de s'engager sur cette route, il faut reprendre encore un petit bout de voie rapide et depuis plusieurs jours on observe des cadavres de tarentules (oui vous avez bien lu !) qui essaient de traverser la route, on se demande bien pourquoi... Cette fois, en voici une bien vivante : inutile de dire que nous sommes très impressionnés ! ça enlève toute envie d'aller faire pipi dans les champs...

Depuis plusieurs jours, nous observons dans les montagnes proches les énormes nuages et orages l'après-midi mais on ne peut plus retarder cette traversée, il faut y aller...  alors c'est parti vers le nord et le dénivelé !

Ici la végétation pousse sur les fils électriques

La route pour San José de Ocoa est jolie et vallonée mais nous arrivons très tôt dans cette ville sans charme où notre hôtel est le plus moche de tous ceux que nous aurons. Heureusement, c'est le jour de Noël et il y a une ambiance de folie dans les rues : la place centrale est noire de monde, des familles élégantes qui viennent boire un verre et .... écouter  de la musique à fond bien sûr !

Dans notre chambre d'hôtel : on aurait été tentés de voler la télé, mais nous avons été dissuadés ...

Pour nous donner des forces, que de bonnes choses locales !
 Lundi 26 décembre
C'est le grand jour pour la traversée de la cordillère : nous ne savons pas dans quel état est la route que nous devons prendre, il a beaucoup plu la nuit. Nous partons à 7 heures après une nuit bruyante et un petit déjeuner improvisé. Il fait 20 degrés et nous partageons les premiers kilomètres dans les cultures de mangues, café et autres fruits avec les nombreux ouvriers agricoles qui travaillent dans les haciendas.

Assez rapidement il pleut, la route devient très sale, et nous aussi : sans garde-boue nos VTT sont de vrais arrosoirs. ça grimpe sec et il y a de belles côtes. Au premier col (environ 700 mètres d'altitude), une grosse averse se prépare et nous nous réfugions dans une minuscule chapelle où bientôt nous serons 4 à attendre : une bouteille de rhum circule, il est 10h, nous déclinons l'offre... Le long des routes, il y a toujours beaucoup de saluts soit par la voix, soit par le klaxon, les gens sont dans l'ensemble indifférents mais quand les regards se croisent c'est le grand sourire.


Nous descendons vers cette grosse rivière jaune, le Rio Maimon, qui fait tant de dégats. Nous continuons notre avancée laborieuse sur une piste boueuse parsemée de nids de poule. Il pleut fort et on nous dit que c'est encore pire cette année... La région est ravagée par les pluies et la route est emportée par des glissements de terrain à plusieurs endroits. Plus c'est reculé, plus c'est pauvre : les gens vivent dans des cabanes minables d'une ou deux pièces, sans branchement électrique, sans fenêtre, ni eau courante, les pieds dans la boue. Quel avenir ?  Quel contraste quand on compare avec la débauche touristique à quelques centaines de kilomètres...

Après un deuxième col, nous descendons enfin et fuyons le mauvais temps. Encore un contraste fort puisqu'on monte directement sur l'autoroute qui traverse le pays du nord au sud : il n'y a pas d'autre route possible. Dans la première ville, Bonao, immense et très laide, nous cherchons avec grande difficulté un hôtel. Nous demandons plusieurs fois et enfin le garde armé d'une pharmacie nous indique un hôtel et arrête un motocycliste pour nous guider, nous le suivrons dans le dédale des rues. Plusieurs fois, cette situation se reproduira : nous ne parlons pas l'espagnol et les gens souvent nous demanderont de les suivre en moto ou en voiture, preuve de leur immense gentillesse. Mais partout  dans les grands commerces, les hôtels et les villes, des gardes privés lourdement armés sont omniprésents.
Après 80 km et 1000 D+ dans la pluie et la boue, on est pas beaux à voir mais l'hôtel finalement assez classe nous accueille sans problème.

La côte nord

Mardi 27 décembre
On prend notre temps pour partir car il pleut jusqu'à 10 heures. En allant vers La Vega, rouler sur l'autoroute nous barbe vraiment, et nous sortons pour prendre une petite route de campagne qui traverse les rizières et les plantations de cacao. L'embranchement espéré est raté (ou inexistant !) et on continue en changeant d'objectif : marre de voir de la pluie, marre de voir des villes moches, nous décidons de dormir ce soir au bord de la mer mais ce n'est pas gagné car il y a une cordillère à traverser...
A droite au bord de la route, un étal de vente de fruits

C'est très très raide : entre 15 et 20 % sur des côtes assez courtes, alors on passe notre après-midi à monter à  5 km/h et à descendre pendant 20 secondes à 50 km/h. Les villages se succèdent et on ne sait pas très bien où on en est car notre carte est imprécise. Il y a plusieurs tronçons de routes emportés par des glissements de terrains ou des failles sismiques si on en croit les panneaux. Après plusieurs heures ainsi et des litres bus (il y a des épiceries partout et toujours un frigo branché sur un générateur), l'inquiétude nous gagne, le jour baisse (il fait nuit à 18h15), et ces montagnes russes sont interminables. Il est déjà 17h30 et nous avons fait 112 km et monté 1500 D+, soudainement miracle ! Une belle descente, et voici la ville que nous attendions, pas tout à fait au bord de la mer mais un super chouette hôtel avec une terrasse qui donne sur les voitures sono mobiles pour animer notre soirée à manger un repas local et boire du rhum !
A la fin de l'étape la plus difficile entre toutes...

Mercredi 28 décembre
Nous partons dans des vêtements encore humides, mais ça devient une habitude : notre unique bagage est un petit sac à dos d'environ 8 kg, voyager léger c'est le pied ! Nos vélos sont tellement sales que les vitesses ne passent plus. Nous nous arrêtons à un car wash où nos vélos sont lavés, bichonnés, astiqués et séchés : quel luxe !

Au car wash de Cabarete
Après une courte route le long de la mer, nous arrivons à Cabarete, un peu trop touristique (les prix redeviennent ceux que l'on trouve en France !) mais doté d'une très jolie plage. C'est notre premier jour sans pluie... ni musique le soir, zone touristique oblige...

Pas d'étais de maçon pour tenir le coulage d'une dalle mais une forêt de bois



Jeudi 29 décembre
La route qui nous emmène à l'est le long de la côte est magnifique dans la campagne verdoyante, c'est une région d'élevage.



Après 52 km, nous arrivons dans la très pauvre ville de Rio San Juan où nous allons dans le fantastique hôtel d'un couple québécois, avec d'immenses terrasses donnant sur la plage : pas d'électricité ni d'eau chaude, mais la vue est super chouette...

Vendredi 30 décembre
Après une baignade matinale, nous partons avec regret mais il nous reste beaucoup de route... Les paysages que nous traversons sont magnifiques : la route longe la mer la plupart du temps, ou traverse des forêts de cocotiers, ou encore la campagne ondulée, avec de petites montagnes à notre droite. C'est splendide !


 
Mais nous avons devant nous une ville étape malheureusement incontournable car il n'y a pas d'autre hôtel dans le coin : de Nagua il n'y a rien à retenir sauf l'instant magique que nous volons à une famille réunie pour un repas à la terrasse d'un café désert dont le grand-père invite une jeune fille à danser un mérengué très élégant.
68 km et 250 D+.

La presqu'île de Samana

Samedi 31 décembre
La route continue de se faufiler le long de la mer puis vers la plaine fertile et les rizières. Alors que nous approchons de la presqu'île de Samana traversée par une cordillère qui culmine à 500 m d'altitude, on a l'impression d'être dans un autre pays : propre et prospère. C'est que cette presqu'île est peuplée de nombreux européens, et le coût de la vie repart à la hausse ! Il y a un péage très cher à l'entrée de la presqu'île, sauf pour les locaux et les deux-roues. Par conséquent la route est déserte et dans un état excellent. Le boulevard de l'Atlantique -c'est son nom- serpente et s'élève assez haut. Au sommet, nous rencontrons les deux seuls cyclotouristes de tout notre voyage, allemands pas jeunes, et très chargés...



De cette route spectaculaire, on a vue à la fois sur l'Atlantique et sur la baie de Samana. A Las Terrenas où nous stoppons pour deux nuits, la réputation du lieu est totalement surfaite. Rien de plus qu'ailleurs, certes la plage est belle et nous profitons de ses belles vagues, mais dans l'ensemble c'est comme partout : ça grouille, c'est sale et on juste envie de fuir tous ces touristes...
57 km et 400 D+

Une grotte nous sert d'abri pendant l'averse

Dimanche 1er janvier
Pour notre circuit d'un jour, nous sommes vite rattrapés par la pluie, énorme et torrentielle. Ces épisodes sont courts mais intenses ! Cet endroit est réputé pour son climat humide, et c'est confirmé! Un Français résident rencontré au début de notre séjour, nous avait avoué avoir quitté son ancien lieu de vie car il se transformait en végétal  : comme on le comprend !
La route intérieure franchit la cordillère par un col à 450 m. C'est une superbe route en montagne russes entre 15 et 20 % de dénivelé. L'ambiance est fantastique en ce premier jour de l'année : il y a de la musique qui sort de tous les bars, commerces et maisons et les gens sont en balade sur leur petite moto.
52 km et 1000 D+

Lundi 2 janvier
Nous quittons heureux Las Terrenas après une nuit d'hystérie et de bruits divers... La jolie route est vallonnée et notre avancée est ponctuée d'averses fortes et brèves, c'est un déluge de quelques secondes qui ne nous laisse pas le temps de chercher un abri mais ce n'est pas très grave puisqu'il fait si chaud. La route d'une quarantaine de kilomètres qui traverse la presqu'île est bordée de maisonnettes tout le long, il n'y a pas de village, la route goudronnée est le seul endroit propre et sans boue le long duquel il fait bon habiter, et toujours de petites cultures, de l'élevage, des poules, des cochons. Encore des montagnes russes et voici Samana, jolie ville étendue le long de la vaste mer intérieure qui sert de refuge aux baleines qui viennent frayer en février. Notre petit hôtel en hauteur offre une vue splendide. Le tableau aurait été parfait sans la vingtaine de chiens qui habitent ce quartier et font la sérénade toute la nuit.
47 km et 600 D+


La côte des cocotiers

Mardi 3 janvier
Grande excitation ce matin : nous prenons le bateau qui relie la presqu'île à la côte et traverse la baie de Samana. Ce bateau ne prend pas les voitures, mais les piétons et motos et toutes sortes de bagages... ainsi que nos vélos. On retrouve la même désorganisation qu'à la gare routière de Saint Domingue : rien n'est affiché, ni prix, ni horaires, ni quai. On va d'un quai à l'autre, il y a un peu d'agitation partout mais jamais de stress. Nous finissons pas trouver notre bateau qui est chargé en quelques minutes, avec nous sur le pont supérieur pour une traversée d'une heure. Nous scrutons les lieux sans apercevoir les précieuses baleines : nous sommes un peu en avance sur leur timing. A l'arrivée à Sabana de la Mar, le débarcadère est sur un ponton flottant.

Nous quittons très vite Sabana, cette ville cul-de-sac, toute plate, très pauvre, pleine de jeunes, sans doute beaucoup d'alcool... Une quarantaine de kilomètres plus loin par une route complètement déserte où il y presque plus de gens à cheval qu'à moto, nous arrivons à Miches pour la nuit. Encore un superbe hôtel, tenu par une famille suisse. Pour une fois, il y a de l'eau chaude !




Mercredi 4 janvier
Dernière étape aujourd'hui : ce soir nous dormirons à Bavaro, notre point de départ. La route principale qui va de Miches à Bavaro est toute neuve, et cette fois-ci les villages sont à l'écart et on fait une soixantaine de kilomètres déserts, tout plat, face au vent.

C'est la première fois qu'on manque d'eau car il n'y a rien pour nous ravitailler.  Le détour dans un village voisin pour aller à l'épicerie nous permet de poser une dernière fois nos yeux sur le dénuement des laissés pour compte : ici l'eau n'est pas plus potable qu'ailleurs et on paye les 50 cl d'eau 20 pesos soit  0,40 €. A l'aéroport deux jours plus tard, la même bouteille est vendue 4 €...

A Macao, au croisement de la route de Higuëy où nous avons commencé notre voyage, nous faisons une halte sur la plage magnifique pour célébrer ça !
Pina colada, eau de noix de coco, et une assiette de frites...

La recherche d'un hébergement à Bavaro est un peu plus compliquée que prévu mais l'appartement où nous dormons (au tarif européen !) est à deux pas de la plage dont nous profitons beaucoup pendant ces deux jours avant le départ de Punta Cana
100 km et 500 D+

Total de kilomètres effectués : 1225 en 20 étapes.

Equipement

- vélos : nous roulons à VTT avec des pneus Schwalbe Marathon de 1,5. Ils sont increvables ces pneus : aucune crevaison malgré les mauvaises routes et le verre cassé (c'est un geste facile de jeter ses ordures par la fenêtre de sa voiture !). Nous n'avons pas regonflé une seule fois ...

- sac à dos : un petit sac chacun avec des vêtements longs et propres pour le soir et l'aéroport. Une seule tenue de vélo : avec cette chaleur, les maillots et cuissards lavés sèchent vite.

- une sacoche avant chacun pour les guides (Routard et Lonely Planet, très complémentaires et indispensables), un dictionnaire, les cartes (2 cartes au 1/450000), et le ravito

- une sacoche arrière pour les outils et les produits d'hygiène et de secours (un répulsif moustique et un anti UV bloquant de 50)

- dans l'avion : le prix du transport du vélo est de 50 €, c'est tout à fait raisonnable. Pour le voyage retour, nous achetons du scotch et des bâches et Mark fait la chasse aux cartons sur la route qui mène à l'aéroport où nous aurons le temps de bien emballer les vélos


Une boite à pizza et un carton de corn flakes pour protéger les dérailleurs
oh les jolis paquets !



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