Moisson de 2000


Mon père m'a enseigné la chasse aux cols. Depuis que je fais du vélo, je les collectionne : les petits et les grands, ceux qui ne ressemblent à rien, les monuments ... Bref tout ce qui se grimpe, qui est référencé Michelin, qui se trouve sur ma route ou qui mérite le détour. En cours de route, parfois une surprise, un joli panneau bleu inattendu : il faut ramener l'information pour alimenter mon tableau. Selon ce qu'on a sur soi, on note : papier + stylo, c'est le plus adapté ; téléphone portable, ça marche aussi ; mais une fois, nos poches étaient vides et c'est Mark qui a gravé sur son bidon avec une pierre le nom du col et l'altitude...
Le principe de la chasse au col est simple (voir Club des Cent Cols) : tout col gravi la première fois compte pour 1, quelle que soit la route par laquelle on y accède. On peut aussi compter les cols non goudronnés auxquels on arrive en VTT, et les cols passés en descente. Un col est en général situé sur une ligne de partage des eaux, entre deux vallées. Il ne s'agit pas d'une montée (voir extraits ci-dessous).
J'ai une nette préférence pour ceux qui sont dans les alpages et au-dessus : c'est à dire les 2000.
Avant-hier, je me suis offert pour ma fête mon 50ème 2000 ! C'est une vraie injustice pour les cols qui sont au-dessus des forêts mais en dessous des 2000 m : je pense à Larche (cf. infra), mais aussi à La Madeleine et autres Cormet de Roselend... Mais il y a une règle du jeu, et je la respecte.
Il existe des massifs où on peut faire une véritable moisson de 2000, en n'effectuant qu'une ou deux véritables ascensions. C'est le cas des Dolomites et des Alpes piémontaises.

Dimanche 26 juillet (jour de la Sainte-Anne !!!)
La veille au soir nous dormons à La Condamine (Ubaye) dans notre véhicule. Tout est prêt, les bidons, le ravito, le petit paquetage arrière qui nous permet d'emporter une tenue "civile" et des chaussures.

ça pèse une tonne !

Départ 6h30, direction col de Larche. La première voiture qui nous dépasse est celle de la gendarmerie... En effet, il faut savoir que ce col est interdit aux cyclistes. Il s'agit d'un arrêté préfectoral pris pour cause de zone d'éboulement non sécurisée. Les képis bleus nous ignorent, heureusement pour nous. La montée de Larche est très belle et la route large et plane : c'est un col qui ne ferme pas en hiver et qui permet le transit des camions vers Cuneo. Au sommet (1991), il fait frisquet, en descente, je regrette de n'avoir pas de gants.

Le lac au sommet du col de Larche

A Demonte, il y a foule et il faut faire la queue à la boulangerie. Jour de Sainte Anne, c'est le jour de pélerinage au monastère du même nom sur la route du col de la Lombarde. Vite nous quittons l'effervescence d'avant messe pour nous réfugier dans la montée du Colle dei Morti (2480), aussi appelé Fauniera. Longue montée (24,7 km pour 1700 m de D+) au cours de laquelle nous observons les dégâts de plusieurs avalanches de l'hiver dernier : les arbres fauchés sur des centaines de mètres, nous verrons aussi plus loin d'énormes avalanches de pierres.

Juste avant l'arrivée, bonne surprise : le Colle de Valcavera (2416). Il y a un peu plus loin deux autres cols et nous pouvons apercevoir le premier, mais il faudra revenir en VTT car c'est une piste qui permet d'y accéder. En descente, le Colle d'Esischie (2370). La route est dans un état terrible en descente, et il y a du monde dans la Vallone di Marmora : les habitants de Cuneo sont de sortie... Fin d'après-midi paresseuse à l'auberge. Excellent repas en 4 services, comme savent le faire les Italiens, nous sommes à bloc de glucides.

Lundi 27 juillet
Sur les vélos à 7 heures, après un petit déjeuner copieux (dont tarte aux myrtilles !!!), nous attaquons à froid la montée du Colle de Sampeyre. Il y a 2 routes pour monter depuis la Vallone di Marmora, nous prenons la première qui se présente, celle du Vallone d'Elva. C'est magnifique : cette route ressemble à celle des Grands Goulets. Il n'y a personne, sauf une biche observée longuement au loin et sans doute des centaines d'autres qui restent cachées. Montée très raide, nous sommes à + 10 % en permanence, en danseuse sans répit.

A la sortie de la forêt, un embranchement et les deux routes se rejoignent. Nous apercevons pour la première fois le Mont Viso (3841m, sommet des Alpes italiennes), Viso le bien nommé (son nom signifie "visible"), il se laissera contourner toute la journée. Nous sommes maintenant au dessus des nuages. Au sommet (2284m), c'est magique, quelle pureté !

Le Mont Viso, omniprésent

Descente hyper dangereuse : comment les Italiens peuvent-ils organiser une cyclosportive (La Fausto Coppi) sur ces routes ? Ils vivent dangereusement, c'est sûr. Il faut s'arrêter en descente pour relâcher les muscles des mains et des bras tellement ça fait mal. Je prie pour que mon vélo reste entier... et on arrive en bas, ouf ! Court répit dans la vallée et on continue dans le dur : à Casteldelfino, direction Francia par le Colle Agnello.
C'est le col le plus difficile qui soit, rien n'est comparable par son versant italien : 1400 m de dénivelée, passages à 15 %. C'est tellement raide... mais tellement beau ! Beaucoup de cyclistes en descente, on est au plus chaud de la journée. On est ici aux pieds du Mont Viso. Ca y est Mark m'attend au sommet, ouah, l'ivresse des cimes ! Que bello !! Mais le temps change en 5mn, froid et nuages côté italien, il ne faut pas traîner ici. La descente est un régal : merci le Tour de France (2008).

Enigme : il existe sur ce blog une autre photo avec la même situation...

Dernier virage avant le sommet, oui le petit point noir, c'est moi...

Traversée rapide du Queyras et de ses villages enchantés, entrée dans la fournaise de la vallée du Guil, vent de face très fort, heureusement je suis à l'abri :-)
La montée du col de Vars est toujours pénible de ce côté : circulation intense, chaleur terrible, nous suons terriblement ... quand ça ne va pas, il n'y a rien à dire donc no comment !

Plusieurs records seront battus au cours de cette sortie de deux jours :
- la moyenne la plus basse en 2 heures de selle : 8,1 km/h (Colle dei Morti)
- le dénivelé le plus important en 125 km : 4300 +
Quelques chiffres : 253 km pour 6900 m de D+, ce n'est qu'un DFU...


Extraits de la règle du jeu du Club des Cent Cols :

Article 1
Par bicyclette on entend tout engin mû par la seule force musculaire, le plus souvent il s’agit d’un deux-roues, les tricycles sont admis.
L’usage de moyens de (re)montée mécanique est exclu.

Il est admis de compter un col franchi en descente.

Les cols muletiers sont admis au même titre que les cols routiers.

Les cols d’approche difficile peuvent être franchis partiellement à pied, avec poussage (voire portage) du vélo.

Cent cols différents : un même col n’est comptabilisé qu’une fois, même s’il a été franchi à de multiples reprises, et par des versants différents.

Aucune altitude minimale n’est imposée.

Les cols peuvent être franchis dans tous pays au monde.

Le tableau d’honneur de la revue annuelle récapitule pour chaque adhérent le nombre total de cols cumulés et le nombre de "+ 2000 m"

Article 2

En français, le terme de "col" contient de manière implicite un caractère topographique. En raison de la multitude de configurations de terrains rencontrées, la définition minimale du caractère topographique d’un col retenue par le Club est la suivante : point de passage privilégié, imposé par le relief, situé sur une ligne de partage des eaux, et autre qu’un sommet.

De nombreux intitulés sont utilisés en lieu et place du mot col : collet, pas, port, baisse, selle, brèche, hourquette, etc.…Le catalogue des Cols de France répertorie la liste des intitulés pouvant être utilisés pour désigner un col. De même les catalogues de cols par pays ou par région établissent une liste des intitulés apparaissant dans la toponymie locale pour désigner un col.

Un intitulé ne désigne pas systématiquement un col : par ex un "collet" en France, un "colle" en Italie, un "alto" en Espagne, une "Höhe" en Allemagne/Autriche, un "Egg" ou "Eck(e)" en Suisse peuvent désigner un sommet ou une crête au lieu d’un col. De même un "pas" ou un "pass" germanique ou britannique peuvent désigner une gorge ou un passage particulier d’une rivière. Dans ces cas là, ils ne sont pas repris dans les catalogues, pour insuffisance de caractère topographique. (voir exemple bien connu du Pas de la Case à la frontière andorrane)

"Col portant ce nom" : un col doit être nommé sur une source de références par un intitulé générique tel qu’évoqué ci-dessus, associé à un nom spécifique. Exemple : Col du Tourmalet, Col de la Croix de Fer, Puerto de la Bonaigua, Passo dello Stelvio, Sustenpass, etc.

Il peut arriver qu’un col soit nommé par son seul intitulé. Exemple : Le Collet (FR- 04-0738) ou Le Col (FR-26-0410)

En revanche un lieu nommé sans intitulé évoquant la notion de col ne sera pas retenu, quand bien même il correspondrait au critère topographique. Exemple : "La Baraque" ou "La Chapelle"

La nomination d’un col doit être consacrée par l’usage et mentionnée sur des sources de références jugées fiables par le Club. Parmi les sources de références fiables, citons :

- les cartes routières ou topographiques émanant soit d’organismes officiels, soit d’éditeurs privés dont la compétence est reconnue.
- les bases de données toponymiques associées à une cartographie numérique émanant des mêmes organismes évoqués ci-dessus.
- les cadastres et cartes anciennes, dont l’échelle et le graphisme permettent de situer les cols sans ambiguïté sur le terrain.
- les panneaux sommitaux ou directionnels, les plans ou tableaux informatifs posés soit par des organismes officiels, soit par des clubs montagnards compétents.
- les guides édités par des clubs montagnards réputés pour leur sérieux et leur connaissance du terrain : clubs alpins français, italien, club vosgien, etc.

La nomination des cols de tradition orale, ou par mention sur des guides touristiques est considérée comme un premier indice, qui doit inciter à des recherches complémentaires en vue de confirmer cet usage sur une des sources évoquées ci-dessus.

Ne sont pas reconnus comme source de référence suffisante les parcours et les prospectus de randonnées et/ou de compétitions cyclistes. Les mentions "Col du Mont Ventoux" ou "Col de l’Alpe d’Huez" vues sur de tels documents ne font pas pour autant de ce sommet, ni de cette station d’altitude des cols au sens de notre Règle du Jeu.
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Commentaires

  1. ah les petits veinards ! :-) euh, nous aussi, de la fenêtre du bureau, on a vu sur le Pic de Belledonne qui est omniprésent au-dessus de Grenoble ;-) oui, je suis d'accord avec toi, les cols italiens sont vraiment magnifiques mais vraiment durs ! j'ai fait la fauniera (Monti)par les 3 versants, les 3 sont très durs. Pour ce qui est des descentes, c'est ce qui rend la Fausto coppi aussi exigente qu'une marmotte même si la dénivelée est moindre (enfin, 500m): elles sont tout sauf reposantes !! ah, vous avez dû vous régaler. Va falloir qu'on retourne par là-bas ! biz biz
    Laure

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  2. Bon, ben avec un peu de retard, bonne fête Anne...
    Ils pourront faire une piste de ski après l'avalanche ...C'est bizzare, comme dans le midi après un feu de forêt on voit un golf ou une autre connerie de ce genre, bon suis mauvaise langue ça peut être naturel....
    L'Agnello est plus beau que l'Agnel mais beaucoup plus dur même si c'est le même. Vous auriez pu faire un détour par l'Izoard tant qu'à faire, là ça faisait le kilomètrage DFU ...
    Beau parcours sans aucun doute.

    A plus.

    André

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