Transalp 1997

Ce voyage date un peu, plus de dix ans déjà ! Mais à la relecture de son récit, je me rends compte que cela ne fût pas facile. Heureusement, comme souvent, je n'en ai gardé que les bons souvenirs.
Contexte : Tandem de série "Raleigh", je suis pilote, mon ex-mari est à l'arrière. Nous avons fait modifier le vélo pour que les leviers de vitesse soient placés sur le guidon arrière. Les responsabilités du pilotage sont ainsi mieux partagées. Poids total : 180 kg (nous deux, le vélo 12 kg, 2 sacoches 15 litres, 1 tente, pas de matelas). Mais manifestement, la roue arrière a des problèmes...

29/7/97
Départ de Paris en train de nuit pour Bâle. Le tandem est dans le fourgon.

30/7/97
Bâle - Immensee, 90 km
Enfin les premiers tours de roue en Suisse. A Schwytz, petit bourg sympa au pied des montagnes, les difficultés commencent. Col de Pragel (Pragelpass 1515m), ascension très difficile sur 13 km, 2h45 de montée, arrêts compris. La descente s'amorce, nous cassons un rayon côté roue libre, la totale... nous nous traînons jusqu'à Glarus. Réparation immédiate, mécano cool. Arrivée à Weesen, beau site au bord du lac.

1/8/97
Weesen-Chur-Lenzerheide, 86 kms
Départ sous la pluie, vallée très roulante et même ennuyeuse. A 12 km de Chur, nous cassons un rayon, toujours du même côté. Déçus mais toujours motivés, nous continuons avec l'ascension du Lenzeheidepass, 1549 m, 13 km de montée en 2h30 et 3 arrêts.

2/8/97
Lenzerheide-Filisur, 52 km
Il pleut. La route s'élève rapidement, traversons les gorges d'Abula, magnifiques. Le train nous suit partout. Superbe village de montagne, c'est Bergün. Catastrophe ! Le porte bagage rend l'âme. Restons zen. Dépannage de fortune avec du câble de frein. Nous repartons bien décidés à gravir notre premier 2000 ! La pluie s'arrête mais elle est remplacée par une brume épaisse. La route est dure, belle et fantomatique. Ca y est nous approchons, nous y sommes : Albulapass (2312m), 28 km de montée en 3h10 et 5 arrêts. Enfin une descente. Enfin presque. Un rayon casse, c'est quotidien. Toujours zen même dans le froid. De toutes façon c'est l'arnaque cette descente : 9 km. Arrivée à La Punt Chammes. On trouve un mécano, il nous répare à 18h00 mais il faut changer la roue, elle est en 8. Nuit de réconfort dans une pension étrange, le patron est pasteur militant...

3/8/97
La Punt - Samedan - Validendro, 72 km
Le soleil pointe son nez, le ciel devient plus clément, nous roulons vers Pontresina. Vallée de la Bernina la route s'élève à travers les sapins, on a tout le temps d'admirer le Mont Pers (3207m), plusieurs cyclos nous dépassent... la pente est très régulière. Voici le Bernina Pass (2328 m). Descente très courte et on attaque le col de Livigno. Pente raide sous un soleil éclatant, les mélèzes ont remplacés les sapins. Les Italiens roulent comme des fous, prudence ! Enfin la frontière italienne et le poste de douane, col de Livigno (2315 m). Un belle descente de 14 km s'annonce. Pas du tout : une crevaison nous ramène à la raison, roue arrière évidemment. On repart sous un soleil piquant dans une circulation dense, ascension du passo d'Eira (2209 m), un peu difficile malgré la pente régulière, c'est le 3ème col de la journée... Nous passons et continuons vers le col di Foscagno (2291 m). Et l'incroyable se produit : à 1 km du sommet, crevaison roue arrière, c'est la guigne. Réparation et descente prudente.

4/8/97
Validendro - Bormio, 70 km
Le ciel est bleu, vue magnifique sur le massif enneigé du Plator. Nous laissons les bagages à la gare des autobus de Bormio et commençons l'ascension du Stelvio, durement dès le début, dans la chaleur. Nous traversons plusieurs galeries de pierres et de ciment, les premiers lacets arrivent, tout va bien, c'est comme un escalier. Mais brusquement la pente se cabre, et le moral est moins bon. Arrêts obligatoires pour souffler (6 en tout). Enfin arrivée au sommet (2757m) en 3h55, D+ 1532. Descente prudente sans incident : on rêve. Nuit à San Antonio.

5/8/97
San Catherina Valfurva - Route du col de Tonale - 38 km
On a du mal à se mettre en jambes et ça monte déjà ! 5 kms après, crevaison... c'est le lot quotidien, on repart. Les muscles s'échauffent, le rythme est meilleur. San Catherina est derrière nous et l'ascension du Gavia commence. Route magnifique, les mélèzes, puis les alpages et les sommets enneigés. Cette montée est tout de même dure avec deux murs à couper le souffle. La pente s'atténue, petit lac et nous y sommes, Passo di Gavia (2621 m). Nous amorçons la descente, attention route étroite et revêtement très dégradé. Paysages sublimes, un lac où se reflète le pic di Pietra Rossa. Hélàs nous devons mettre pied à terre : strada deformata sur 7 km. Enfin du goudront à nouveau et on termine à fond sur Ponte di Legno. La marche sous le soleil nous a tués. Mais on ne se décourage pas et on commence l'ascension du Passo di Tonale, c'est difficile, on souffre. Une auberge, stop, repos bien mérité.

6/8/97
Passo di Tonale - Ora, 105 kms
Ciel voilé. Départ vers le Passo di Tonale, ascension hésitante car sans échauffement, enfin le sommet (1830m). Descente rapide vers le Trento, 36 km dans une vallée verdoyante, ça dérouille les jambes. Livo, Fondo, ascension du Passo di Mendola. Nous serpentons dans les vergers. La transition est très nette : nous sommes dans le Sudtyrol, on y parle allemand. La route s'élève lentement, c'est long. Enfin le sommet (1363m), rien d'extraordinaire, ça devient touristique, aïe ! Descente sublime dans la plaine de l'Adige et Bolzano blotti au pied des Dolomites. Nous voici dans le vignoble, il fait lourd, l'orage n'est pas loin, deux bosses difficiles et nous voici à Ora. Ce soir camping.

7/8/97
Ora - Nova Levante, 44 km
Ciel couvert. Après une nuit très difficile (orage, sol dur comme de la pierre, membres endoloris, réveil matin des voisins) nous voici prêts pour une nouvelle ascension vers San Pietro. Départ à froid 22 km de montée en partie dans la brume et la circulation. Les organismes sont fatigués, le moral en prend un coup. San Pietro (1389 m), rien d'exceptionnel. Magnifique descente dans les sapins vers Nova Ponente, hélàs l'orage gronde et la pluie violente vient tout gâcher. Un peu de repos à l'abri et nous continuons. La route s'élève encore vers le col de Costalunga. La pluie redouble d'intensité. Stop à Nova Levante (1182 m) chez l'habitant.

8/8/97
Nova Levante - Bolzano - Sarantino, 56 kms
Descente des gorges d'Ega. Nous prenons à droite une petite route qui monte séchement vers Collalbo à travers un vignoble en terrasse. Ensuite, toujours en montant vers Vnga à travers les sapins. Certains virages nous permettent d'admirer les Dolomites, menhir de granit, sublime. Nous atteignons le point culminant à 1336 m à Oberweiser. C'est déjà l'Autriche, de toute façons tout le monde parle l'allemand. Descente dans la vallée de Sarentino, la route s'élève encore et encore. Nous sommes fatigués. Stop dans une superbe pension avec sauna.

9/8/97
Sarantino - Col de Pennes, 75 km
Beau fixe. La route en dos d'âne nous conduit à Pennes, dernier village avant l'ascension. Celle-ci, régulière, nous dépose à 2215 m où nous admirons les sommets enneigés de la frontière autrichienne. Descente prudente car la route est une strada deformata. Enfin nous arrivons à Casateia et c'est la deuxième difficulté de la journée. 15 km de montée régulière vers le Passo di Giovo à travers une magnifique forêt de sapins. C'est long et parfois pénible, sans doute la fatigue (15 cols en 10 jours). Le voici, c'est fait, la vue est extraordinaire (2099 m). Descente facile sur une route comme un billard.

10/8/97
Walten - San Leonardo im Pass, 78 kms
Descente facile et l'ascension du Passo del Rombo commence sèchement il fait déjà chaud. Notre vitesse, façon de parler, 5 à 6 km/h, nous permet de profiter du site. Superbe vallée, très encaissée, treuils pour le bois, et le lait. C'est la saison de l'alpage. Plusieurs tunnels, plusieurs épingles et voici la dernière, un tunnel de 555m, puis un de 900 m... la frontière naturelle avec l'Autriche, Passo del Rombo (2509 m). Descente vers l'Autriche, enfin presque car 3 kms après on a droit à une bosse infernale et ça fait mal. Route à péage, gratuit pour les vélos. Sölden, puis Huben.

11/8/97
Huben - See, 76 kms
Beau fixe. Départ dans la fraicheur matinale vers Langenfeld. Là, nous allons au magasin cycle changer les patins de frein. Atelier superbe, mécano dévoué, hélas catastrophe, il ne pense pas à ce qu'il fait, il propose de changer aussi le cable de frein arrière, le sectionne pour en mettre un nouveau, mais problème, les cables de frein sont beaucoup plus longs sur un tandem... il n'en a pas. Galère, moral à zéro, il finit par trouver la solution mais la matinée est gâchée, ça a pris 3 heures.
Enfin descente rapide et tiède sur Imst. Arrêt repas et de nouveau en selle vers l'infernal Hahntennjoch. Là ça coince, fatigue, 32 °. Descente vers la vallée, et toc ! crevaison. Réparation mais la roue arrière est voilée.

12/8/97
See - Landeck- Berneck
A Landeck, on fait changer la roue (c'est la 2ème). On aborde la région de l'Apenzell (Suisse). La roue s'élève rapidement, les bosses sont difficiles, c'est extrêmement valloné, très "casse patte". Comme depuis 2 jours rien ne se passe sans casse, voici que la roue libre rend l'âme à son tour. La réparation ne peut se faire que demain, les mécanos sont débordés. Rien ne va plus. Retour en train vers Bâle. Fin du voyage.







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