Premier col à 3000 mètres

Des routes d'altitude


Pour notre premier 3000 en vélo, nous avons fait le déplacement jusqu'à Bardonecchia (une trentaine de km après Briançon, côté italien) en septembre 2009. Des cols cyclables à 3000 m, il y en a très peu dans les Alpes, voire pas d'autre que celui-ci. Il mérite donc quelques efforts d'approche.

En Europe, c'est la surenchère à la "Plus haute route d'Europe" : ce panneau est ainsi placé à l'entrée du Col de la Bonette à Jausiers (04), mais je l'ai vu aussi en Espagne à la sortie de Grenade en direction du Mulhacen (3400m). Cependant, ces deux panneaux indiquent des voies goudronnées.

En Italie, on trouve beaucoup de routes non goudronnées en altitude. Ces voies furent des instruments au développement des infrastructures militaires (voir article Strada dell'Assietta) ou, comme celle qui fait l'objet de cette sortie, des infrastructures sportives. Il ne s'agit nullement de sentiers muletiers tracés par des siècles d'activités humaine et animale, mais de véritables routes qui peuvent supporter le passage de 4x4 et autres véhicules qui ne s'en privent pas.

Le point de départ de cet itinéraire , Bardonecchia, est un joli village à 1256 m en fond de vallée qui a bénéficié à plein de l'effet JO de Turin 2006 : le coeur du village est typique, mais le nombre d'infrastructures touristiques et sportives, d'été et d'hiver, laissent l'embarras du choix pour se loger.
Les conditions météo sont correctes et conformes à nos prévisions : beau mais frais, du vent souvent fort, notamment au début, et surtout : aucun risque d'orage.

Des VTT dans tous les sens
A l'arrivée à l'hôtel, nous comprenons que nous allons partager les repas avec les compétiteurs de la Maxiavalanche Italian Cup qui viennent disputer au Bike Park de Bardonecchia une manche de l'Avalanche Trophy : les meilleurs descendeurs européens de VTT (on dit "Riders") se mesureront "sur un parcours reliant le sommet de Cresta Seba (2263 mt.) à Campo Smith (1300 mt) qui mettra en évidence les caractéristiques de cette compétition : technique et endurance sur environ 1200 m de dénivelée négative".

C'est drôle quand on pense qu'on va faire la même chose en même temps mais à l'envers, sur des vélos presque identiques : freins à disque avant et arrière, seules les suspensions diffèrent . Pour nous ce sera 1900 mètres de dénivelée positive ! On a même peut être croisé sans le savoir notre copine Elisabeth Allione, une des meilleures descendeuses de France, qui a fait le RPE 2007 en duo avec moi, et qui caracole en tête des classements féminins de descente.

Ce sont deux mondes complètement différents, nous en descente on est complètement nuls, mais la plupart de ces compétiteurs ne sont pas faits pour grimper le Col de Sommeiller ! C'est ça aussi qui fait la richesse du vélo : il y a tellement de façon de rouler, tellement de choses à faire, tellement de vélos différents, toute une vie n'y suffit pas !
Restons sur ce que nous savons faire Mark et moi : grimper des cols à vélo ...

La route du glacier de Sommeiller
Notre route démarre du coeur du village, le tunnel de Fréjus est juste sur notre gauche. La route est goudronnée pendant les 6 premiers kms, mais les pourcentages sont tout de suite franchement agressifs de bon matin : 18 %, la roue avant décolle allègrement ! Le petit déjeuner est lourd dans l'estomac et nous sommes hésitants sur la façon de nous habiller : il fait 6 ° et nous montons à l'ombre, mais c'est suffisant pour transpirer. Nous cheminons en silence dans la forêt très sombre jusqu'au village de Rochemolles à 1600 mètres. C'est le départ de randonnées, beaucoup d'Italiens se sont donnés rendez-vous là, les sentiers sont magnifiques.




Le barrage de Rochemolles, contraste de couleurs

La piste commence ici, large et poussiéreuse, mais parfaitement plane : c'est l'Autostrada ! Le barrage de Rochemolles est vite en vue, nous sommes déjà à 2000 mètres.
Nous avons de la compagnie sur la piste : les Italiens sont sans complexes et ne se prennent pas au sérieux : toutes sortes de vélos, toutes sortes de cyclistes, plutôt âgés et même des dames, tous avec le même humble objectif des 3000 mètres. Ce couple notamment : nous ferons route tantôt avec Monsieur (cela fait 40 ans qu'il grimpe tous les ans), tantôt avec Madame (c'est ma troisième montée !), ils ressemblent à Monsieur et Madame Toulemonde et roulent sur du matériel, hmmm, comment dire... très simple.


Après le barrage, nous atteignons une large esplanade avec un refuge, trois cascades et un petit lac. C'est d'ici qu'on observe le mieux les lacets creusés plus haut dans la montagne, on voit bien que c'est une réalisation récente et pas un sentier séculaire. Ces fameux lacets sont très réguliers, il y en a dix, ils sont comme des escaliers qui amènent au plateau supérieur. La piste est toujours large, on y croise des 4x4 (peu) et des véhicules "normaux" : les Italiens n'ont pas peur d'emmener leur Fiat à 3000 mètres !

On voit bien les lacets sur la droite

Mark dans les lacets à la descente


Bientôt le revêtement est moins régulier, la montée devient laborieuse : il faut éviter les grosses pierres et garder de la puissance sous la pédale pour passer les ornières ou les passages sableux dans lesquels on s'enfonce. Concentration absolue, j'en oublie de regarder la vue ! On avance dans des paysages typiquement alpins : vastes pâturages, la couleur de l'herbe a changé un peu, ça sent l'automne. Bientôt, on attaque à nouveau une série de lacets et l'environnement devient minéral. Plus de végétation à cette altitude mais de magnifiques et énormes dalles de pierres qui ont dévalé les sommets.


Derrière moi, on voit le glacier de la Meije et le massif des Ecrins


Au sommet, le panneau a souffert : il faut lire Colle del Sommeiller 3009


Le col est en vue maintenant, quelques efforts de plus et on y est. Et c'est un sacré col qui marque la frontière franco-italienne : immense esplanade, on voit que les terrassiers ont beaucoup travaillé ici, mais au fait... pourquoi faire ?

C'est le col !


Texte du panneau d'information placé au col : "Pour la petite histoire, Sommeiller n'est pas le nom d'origine. Le glacier, le lac, le col et la pointe portaient le nom d'Ambin. Débaptisé pour d'obscures raison, le toponyme d'Ambin renaît de ses cendres avec la construction en 1961 du refuge d'Ambin à 2991 m. Ce refuge faisait partie d'un vaste projet incluant une route d'accès au col et des remontées mécaniques pour le ski d'été sur glacier malheureusement abandonné aujourd'hui". Quelqu'un a rayé sur le panneau les trois premières lettres de "malheureusement".

Impression glacier

Sans doute un jour il n'y aura plus de glace ici tant sa surface est déjà réduite aujourd'hui, mais je parie que la route restera entretenue et utilisée : les Italiens adorent les routes et les leurs sont les plus belles qui soient !

Quant à nous, cette grimpée de 3 heures 30 nous a laissé assez frais, et on prend des forces pour la descente, qui est, de loin, le moment le plus désagréable... On est tellement secoués que tout pourrait se disloquer, le vélo ... et nous avec.

Petite variante pour le retour, nous contournons le lac de Rochemolles par l'autre rive, mais au barrage nous avons le choix entre le single track qui a l'air très technique et la barrière (heureusement non verrouillée) du barrage que nous franchissons l'air de rien : comme dit Mark, si le garde nous arrête en arrivant au bout, on n'ira pas en prison pour autant. Vai ! Vai !

Nouvelle variante pour rejoindre Bardonecchia, il y a plein de sentiers dans la forêt qui surplombe la ville et nous avons l'embarras du choix : nous rentrons un peu au hasard, l'important c'est d'aller dans le sens de la descente.

Quelques chiffres :
Kilomètres total : 56
Durée totale : 7h dont 6h de vélo
Portage : 0
Dénivelée positive : 1950
Altitude maximale : 3009


Bardonecchia à nos pieds, en face le col de l'Echelle

En violet, notre itinéraire aller. Au retour nous traversons la forêt


Les pâturages ont pris aussi des couleurs d'automne

La plus haute des cascades

Au milieu de nulle part

Situation dominante sur les Ecrins


Tombera ? Tombera pas ?

Le loup, à l'affût






Commentaires

  1. Hi you two !

    C'est trop top, superbes photos, la dernière, on dirait un loup vu de derrière, l'ombre de la montagne représente son corps couché avec sa queue relevée,il regarde l'autre versant.....

    André

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