Au pays du Mistral


Nous nous trouvons à la confluence de la Durance et du Buëch avant leur descente vers le Rhône. Ces trois vallées sont fréquemment balayées par le mistral. C'est un vent froid qui souffle du nord et qui s'installe souvent pour plusieurs jours quand il y a une dépression à l'est des Alpes du Sud et au nord de l'Italie.
En vélo, il faut savoir en jouer et faire avec sinon ce sont des week-end entiers qu'il faut rayer d'une croix.
Il y a quelques années, rouler dans le mistral était comme rouler sous la pluie : pas question ! Depuis quelques temps, ma pratique régulière est moins cyclotouriste et plus appliquée à un "programme d'entraînement", je roule face au mistral comme si j'allais monter un col. A la réflexion, c'est le même effort, sauf je me bats contre la résistance de l'air et non contre la déclivité de la route. Je crois que le meilleur exemple du bénéfice de cet exercice nous est donné par les cyclistes hollandais qui sont si forts : ils roulent souvent contre le vent, ce sont leurs seules montagnes.

La montagne d'Aujour
Mark, en bon pilote qu'il est, a une excellente compréhension des mouvements des masses d'air : j'ai fini par réussir à visualiser grâce à lui les rouleaux qui se forment au pied d'une montagne ou dans une vallée. C'est exactement comme l'eau sauf que c'est plus léger et absolument invisible. Il faut donc imaginer des grosses vagues qui se cassent contre les rochers. Pour le vent, c'est pareil et on traverse des bourrasques et des rafales qui sont autant de remous invisibles à l'œil.
Vallée de la Durance : Aujour et Céüse
Outre le sens de progression des nuages dont la trace est guidée par des courants d'air d'altitude, il y a aussi des repères au sol qu'il faut surveiller : les herbes qui ploient, les feuilles des arbres qui changent de couleur car elles sont soulevées et montrent leur dos. Malgré mon expérience, je tombe encore souvent dans le panneau : zut, ce n'est pas moi qui roule comme une bombe aujourd'hui, c'est le vent qui m'a poussée..
Avec Mark j'ai aussi appris à reconnaître les nuages et à leur donner un nom. Il existe un atlas officiel international des nuages, c'est une science qui s'est donné le joli nom de néphologie. Le nuage du vent fort, c'est l'altocumulus lenticulaire, parce qu'il est en altitude et qu'il est laminé par le vent. C'est tout simple à comprendre (...et c'est pour ça que j'ai retenu ma leçon).

Nuages lenticulaires léchés par le mistral sur les crêtes de Ribiers
Nous sommes des gens positifs (plusieurs raisons à cela : n°1 nous vivons au soleil, c'est reconnu pour donner bon moral ; n °2 : je suis dopée aux endorphines grâce à ma dose quotidienne de sport ; n°3 : ... euh, ça c'est personnel) et quand il y a du mistral, je ne saute pas de joie au plafond mais je sais que c'est le vent du beau temps donc il faut s'en réjouir. Quand il fait moche partout en France et que nous sommes au soleil, il y a une raison à cela : c'est le mistral qui balaye et dégage les perturbations : c'est l'effet foehn. Par journée de grand vent, la visibilité est exceptionnelle, on toucherait les montagnes de la main. C'est magnifique !
Le nez de Ceüse et vue sur les Ecrins
La Provence vient d'essuyer trois jours de mistral fort : quand Météo France annonce 10 km/h de vent, il faut lire 50 km/h. Voici un exemple : sur la route qui quitte Ribiers en faux plat montant vers le nord, je roule en général à 22. Hier, j'étais à 12 km/h à l'aller et à 64 km/h au retour.

Nous avons fait deux circuits superbes vendredi et samedi dans le mistral, voici les itinéraires et les photos :
Vendredi : Vallée du Sasse, les Tourniquets, col de Sagne, Turriers, col de Sarraut, montée de la Motte du Caire à Melve (14 %), Laragne. 102 km, dénivelé 1500.
La clue de Bayons

Dans les Tourniquets

Les Tourniquets



Devant les Monges, encore enneigées




Entre la Motte du Caire et Melve



Melve au couchant sur la montagne d'Aujour

Le ciel s'enflamme sur Ribiers
Samedi : Gorges de la Méouge, col de Muse, Col Saint Jean,Orpierre, Laragne. 77 km, dénivelé 950
Admirable col de Muse
Le mistral tient les nuages à distance
les crêtes de Ribiers sur blé d'hiver
Ribiers

Commentaires

  1. les photos sont magnifiques. Un instant reposant et dépaysant. Merci

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  2. Merci Christophe, "Vive le vent, Vive le vent, Vive le vent d'hiver", c'est je crois les paroles d'une ancienne chanson,tout à fait appropriée... il faut que je trouve le son pour le mettre sur cet article :-)

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  3. Hello Anne
    On prend une bonne bouffée d'endorphines et d'air pur en te lisant! Dans le Var, ce serait plutôt du Pearl Buck: Vent d'Est, Vent d'Ouest...
    A bientôt peut-être, à l'occasion d'une prochaine migration vers l'Isère - Sophie

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  4. Hello Sophie ! dans la série des expressions littéraires, on pourrait ajouter "Gone with the wind" ou encore "Après moi le déluge" ... mais heureusement la tendance est au beau fixe : profitons en ! j'espère à bientôt - Anne

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  5. Ah ce mistral ! J'ai aussi accompagné mes récits de sorties "venteuses" par "Dust in the wind" et aussi "Wind of changes" :-)
    J'avoue que j'ai du mal parfois ...quand je suis seule, c'est à dire souvent. Parfois en travers, il est dangereux. le vent du Sud est aussi ressenti à Valence mais il dure moins longtemps!
    Les photos sont très belles, avec ces visibilités ultra -nettes

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  6. salut Brigitte, heureusement pour nous, le mistral n'est qu'un mauvais souvenir ces jours-ci ! j'espère que tu en profites bien :-)

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