Snow Trail de l'Ubaye : dernier petit tour en hiver

Dimanche 19 février, Snow Trail de l'Ubaye : 22km au départ de Saint-Paul sur Ubaye
Le snow trail pour un marathonien, c'est comme le VTT pour un cyclosportif : c'est de la motivation pour s'entraîner en hiver et une épreuve ludique dans des paysages différents.

Mais si j'ai l'habitude de courir sur le bitume, courir dans la neige est un autre exercice. Equipement approprié : chaussures de trail, guêtres, vêtements chauds mais pas trop, camel bag ou petit sac, c'est un minimum pour passer plus de 3 heures en altitude.

J'ai fait un peu d'entrainement à la grimpée en prévision du dénivelé annoncé de 1000 m : Mark et moi avons occupé quelques dimanches sibériens à crapahuter dans les Hautes-Alpes.  Mais souplesse et confiance en descente sont des qualités que je n'aurai jamais, donc je fais sans.



Les terrains sont très différents dans un snow trail. On court sur toutes sortes de surfaces : pistes damées, raidillons vertigineux où il est impossible de progresser autrement qu'en marchant, sentier cahin-caha,  ou alors, et c'est le pire, glace. Ceci dit, tout dépend de la qualité de la neige, et à moins d'un repérage, il est difficile de savoir à l'avance dans quoi on s'aventure.
 Je m'accroche un peu derrière Aurore (Digne Triathlon), mais celle qui fut ma partenaire de course à pied pendant 3 ans court trop vite pour moi maintenant !

Le long de l'Ubaye
Le parcours comprend une longue première moitié montante jusqu'à 2250 m, au pied du Brec de Chambeyron, avant de redescendre pour rejoindre l'Ubaye. Trail de la Saint-Valentin oblige, c'est gratuit pour les dames ! Et des dames il y en a : nous représentons la moitié des 600 inscrits sur les deux trail (l'autre est de 9 km). Etonnant non ?

Les 5 premiers km en boucle nous ramènent à Saint-Paul. Ils sont difficiles bien que plus ou moins plats : j'ai du mal à m'échauffer et déjà mes mollets  sont en feu. Alors que ça gamberge déjà dans ma tête, je vois Mark m'attends au passage pour m'encourager. J'avais justement besoin de réconfort pile à ce moment là !


C'est reparti. Premier contrôle ravito à Grande Serenne où on s'engage dans un raidard qui n'en finit pas de monter en épingle, et on prend 300 m de dénivelée d'un coup. Pour moi, c'est avec le son et sans la lumière  : je regarde où je mets mes pieds et essaye de les placer comme celui qui me précède dans la poudreuse souple, le tout dans un concert d'essouflements. Heureusement dans ce type de course, on se retrouve avec ceux de son niveau, et ça rassure ! J'ai l'avantage à la montée et je double quand c'est possible.  La neige ne porte pas du tout. Parfois le pied reste au niveau supérieur, et parfois il s'enfonce jusqu'au genou. Quand on croit avoir un pas assuré, le pied plonge et déséquilibre le corps, nous avançons comme des danseuses ivres. Pas facile.
Pas au bout de nos peines !
 Nous émergeons de ce sentier improvisé à travers champs pour nous retrouver sur le macadam juste avant le village de Fouillouse à 1900 m que nous traversons en montée. En parler local le mot de "fouillouse" désigne la marmotte, allusion probable au fait que les habitants permanents y demeuraient l'hiver "terrés dans la neige", en dépit de l'excellente exposition du site (source GeolAlp.com). Pour ceux qui connaissent, l'unique bar tabac épicerie est ouvert en hiver, et le couple d'aubergistes est une vraie caricature ! Du pas de leur porte, nous sommes vaillamment encouragés. Commence alors une très longue montée sur un GR qui débouche sur un magnifique paysage, au loin le dernier ravito et point le plus éloigné du départ, à 2250 m d'altitude.
 
Un peu incongru dans un tel paysage non ? ... tant qu'on ne m'oblige pas à en boire, ça ne me dérange pas !
Dès le demi-tour amorcé, nous descendons sur une magnifique piste damée, ça avance bien. Mais pas pour longtemps : le single track devant moi me semble absolument impraticable. Je ne sais pas trop comment m'y prendre :  sauter de trou en trou pour m'enfoncer jusqu'au genou ou essayer de trouver des ilots de neige solide qui supporteront mon poids... En fait, je n'ai pas le temps de me poser la question, je me laisse aller. La neige est molle et amorti les chocs. Je ne fais qu'une seule grosse chute et suis couverte de neige jusqu'à la tête avec en prime une belle crampe au mollet. Mais je repars sans problème.

Un signaleur posté dans un endroit inconfortable et à l'ombre répète inlassablement à chaque concurrent que maintenant ça se gâte : le chemin devient difficile. Ah bon ? Je reste zen et capte le message : je mets la pédale douce et tente de me ralentir en me tenant aux arbres quand c'est possible ou en  mettant les mains dans la neige. Ca tourne tout le temps et glisse terriblement.

Enfin une nouvelle piste damée assez inégale qui nous fait encore danser à droite et gauche et se déroule le long de l'Ubaye glacée. Un village apparaît au loin que je pense être Fouillouse ou Serenne. Mais non, c'est Saint-Paul et bientôt je vois Mark qui vient à ma rencontre !

Sans repère de temps ni de distance, je me voyais plus loin de l'arrivée, mais ça y est j'ai fini et je suis contente de mon résultat : 3h30 et 228ème sur 300 ! Pas trop mal !
 Pendant ce temps là, Mark était parti grimper le col de Vars pour voir s'il était toujours si haut !
 Nous espérons en avoir fini avec l'hiver et pouvoir bientôt rouler et courir dans la douceur du printemps. Adieu l'hiver...

Commentaires

  1. superbe ! J'ai fait un petit séjour ski de rando au hameau de Fouillouse et j'ai gardé très bon souvenir ! Bravo, belle course !

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    1. merci Brigitte :-) tu l'as compris : la neige ce n'est pas vraiment mon élément, mais je suis en course à pied comme en vélo : touriste ! il faut que ça soit beau et que je puisse découvrir des paysages ! A bientôt

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  2. Sympa le compte rendu! Je regrette de ne pas y etre venu... L'année prochaine!

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    1. Alors à l'année prochaine à Saint-Paul ! Mais on se verra avant puisqu'on a rendez vous sur le DFU pour un sacré défi !! A part ça, entre le snow trail de Saint Paul et celui de Chabanon, y pas photo comme on dit ...

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  3. superbe reportage Anne... Bien illustré et un Mark toujours présent au bon moment... Ce reportage donne vraiment envie de venir y galérer... Mais je pense qu'il faut un vrai bon entrainement... Peut être à bientôt sur les routes...

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    1. Merci Christophe de ton message : oui je t'encourage à essayer un jour toi qui aimes gravir les montagnes ! Amicalement Anne

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  4. Hello Anne. Superbe reportage, et belles couleurs dans les Hautes-Alpes. Bientôt le Printemps, et la pleine reprise du vélo... mais que de neige encore sur la photo du col de Vars!

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    1. Bonjour Sébastien, vivement le printemps car cet hiver on a bien donné ! Verra-t-on une délégation des frères G au DFU cette année ?
      Amicalement Anne

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