Via Ferrata de la Motte du Caire : cette fois ça passe !


La Via Ferrata de la Motte du Caire est l'une des plus ardues de France : par sa longueur de 930 m et son dénivelé, son niveau de difficulté (Difficile + et Très Difficile) et par la grande variété des "obstacles" à franchir. Devers, passerelle  de 60 m, pont népalais de 32 m, poutre et 3 tyroliennes. La durée de randonnée est de 4h environ pour le parcours complet, sachant que 3 échappatoires permettent d'éviter des difficultés.

Située à quelques kilomètres de la maison et placée sur l'un des nos itinéraires de vélo favoris, c'est une sortie très tentante mais ... il y a un mais : en 2009 j'avais dû renoncer à mi-chemin, incapable de franchir le pont népalais. Je suis comme tout le monde, les échecs j'aime pas trop ça, mais je ne me voyais pas vraiment comment vaincre le vide et la peur de tomber.
Mark et moi avons beaucoup reparlé des Via Ferrata avec l'ouverture de celle de Prads Haute-Bléone, à 1h30 de la maison, sans trouver le temps d'y aller cet été mais avec la promesse de nous y rendre bientôt. Et voici comment ce matin au petit déjeuner, Mark me prend par surprise en me proposant une nouvelle tentative à la Motte du Caire. Banco c'est parti.

La surprise c'est finalement ce qu'il y a de mieux pour éviter l'appréhension et la gamberge. En route, je ne pense pas une seconde aux difficultés à venir, et à l'accueil à la Maison du Tourisme au Caire, la guide emploie les bonnes méthodes pour dédramatiser en nous initiant sur les deux tyroliennes de l'arrière du bâtiment.
A midi, nous sommes en route sous un beau soleil, harnachés dans nos baudriers, casqués, gantés : c'est parti pour 4 heures de grimpette. La première partie est très verticale et s'achève sur un devers pour atteindre le sommet 1100m, soit 250 m de dénivelé. Les échelles, poignées et marches sont faciles d'accès, même s'il faut de la force pour se hisser, rien de trop difficile pour le moment car nous sommes encore "frais".

Petite pause au sommet avant de commencer la descente sécurisée vers la passerelle qui enjambe le vide sur 60 m pour rejoindre une autre paroi :  on marche sur une large planche les deux mains sur les filins, toujours en sécurité grâce aux longes qu'il faut constamment accrocher et décrocher pour passer les fixations. Pendant cette traversée, Mark est derrière moi, nous marchons comme des sioux le regard loin devant, les gestes lents et réfléchis pour ne pas faire bouger l'ensemble. Arrivée au bout, je suis assez fière de moi, mais jusque là rien de nouveau puisqu'en 2009 c'est après la passerelle que j'étais sortie.


La signalisation indique que maintenant ça devient sérieux : concentration, force mentale et équilibre nécessaires pour la suite du parcours. Poutre, petit devers et descente pour rejoindre le pont népalais : je continue de me concentrer sur l'immédiat et refuse de penser à ce qui m'attend.  Arrivés devant, Mark vérifie mes fixations, j'ai les yeux fermés et j'attends, il se place derrière moi, silence. Je fixe un buisson sur la paroi d'en face que je ne quitterai pas des yeux pendant la traversée, ignorant le vide sous nos pieds. J'avance sur le fil, les mains et coudes posés sur les filins parallèles, nous glissons très lentement pour éviter tout mouvement de balancier. Je fais un effort particulier pour contenir ma respiration, refouler les pensées panique, je me concentre sur le buisson d'en face, j'évacue totalement mon esprit, j'avance. C'est très très dur pour moi. Je ne suis pas certaine de ne pas reculer, j'hésite, je fais un pas en arrière, puis en avant, j'attends, ça ne balance pas trop, j'avance à nouveau, Mark est dans mes pas. C'est parti. C'est gagné. Ouahh, bravo Anne ! 

Arrivés au bout, nous sommes au pied de la grande muraille, une sacrée falaise où il faut avoir des bras et monter sans traîner. Au sommet à nouveau, nous redescendons un autre pan de montagne pour nous trouver au pied de la 1ère tyrolienne de 150 m, j'ai bien retenu la technique apprise au départ, ça passe et atterrissage correct. Mark me suit. 

Descente à nouveau vers la seconde tyrolienne de 135 m, cette fois ci je suis derrière Mark pour l'accueillir avec une photo. L'atterrissage est plus brutal face à la falaise qu'il faut encore descendre jusqu'à la dernière tyrolienne de 220 m, si longue qu'elle est munie d'une manche à air. De toute façon, moi je ne regarde rien d'autre que le ciel, j'ai bien appliqué ma leçon. Sauf que mon atterrissage se passe un peu moins bien : dans la descente, je me tourne sur le côté droit, impossible de redresser et j'arrive de travers sur le ponton en bois, les deux pieds direct dans la mousse sans avoir pu me ralentir au sol, je rebondis ... et je repars en arrière direction le départ, tellement surprise que je n'ai pas le temps d'avoir peur ! La fin de l'élan m'immobilise assez loin de l'arrivée et je me tracte avec les bras sur quelques mètres, il me reste encore un peu de force dans les biceps heureusement ! 
Voilà, c'est terminé, il nous aura fallu un peu plus de 4 heures avec les arrêts photo et casse croute. Je n'ai qu'une envie : recommencer !


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