Unexpected !

Ce week-end, nous avons décidé d'aller à Grasse dans les Alpes-Maritimes pour découvrir ce que ce joli coin peut nous offrir car nous n'y avons jamais passé beaucoup de temps ni l'un ni l'autre. J'ai emmené mon delta espérant pouvoir voler à Gourdon mais notre objectif principal est surtout d'échapper aux conditions hivernales pour quelques jours ... sur ce plan, ça n'a pas bien marché !
En regardant vers le nord, à gauche le Teillon,  Saint-André est au loin, pile sous le nuage
Nous partons tôt vendredi matin pour retrouver les pilotes locaux à midi. Mais sur place, il y a de fortes averses de neige. Les pilotes nous emmènent quand même voir le décollage de Gourdon. A partir de là, nous partons faire une très jolie balade sous la neige qui tombe dru. Sur la route du retour vers Grasse, nous allons voir le décollage de Gourdon Kennedy (au dessus de Bar-sur-Loup) où les nuages se forment à nouveau. Il neige à 550 m au dessus du niveau de la mer !

Samedi matin, il fait beau et de nombreux pilotes se rendent à Kennedy. Je retrouve Claude, il pense que ce sera une bonne journée de vol, avec une masse d'air froid au-dessus de la région qui devrait nous permettre d'aller assez haut. C'est un club vraiment très sympa (Delta Sud-Est) et j'y suis très bien accueilli. Un grand merci à eux !
Le décollage de Kennedy
C'est mon premier vol sur mon Atos depuis le 9 septembre 2012, il y a déjà 5 mois donc tout me semble un peu étrange et je suis un peu stressé de décoller sur un nouveau site. J'ai même besoin de consulter ma notice de montage de l'Atos car j'ai oublié quelques procédures ! Je ne pense pas qu'il va faire très froid et je suis bien couvert. On peut voir quelques parapentes qui sont partis du décollage haut de Gourdon et qui montent bien.
Un des trois tremplins de Kennedy : pour l'atterrissage, il ne faut pas se tromper de terrain !
Nous sommes environ 10 deltaplanes et je suis Claude qui vole aussi en Atos, nous décollons à 12h30. Décollage facile depuis le tremplin et je me sens tout de suite très à l'aise sur l'Atos, c'est vraiment une aile formidable ! Après environ 10 mn, nous montons tous les deux au-dessus puis derrière le TO, les thermiques vont de 2 à 5 m/s. Wow, ça c'est fort ! A environ 2200m, près du sommet du Haut-Montet, Claude part vers le SW et moi vers l'ouest où la base des nuages est plus haute. Quelques parapentes sont très au-dessus de nous, sur la crête de Ferrier. Je reprends les thermiques et pars vers le NW pour atteindre 2700m (le plafond est encore au-dessus) et je commence à sentir mes doigts geler (j'ai des gants et des mitaines de protection sur ma barre de contrôle). Le froid domine toutes mes pensées et tout ce que je veux maintenant c'est descendre et me réchauffer. 
Montée avec Claude, le village de Gourdon au milieu
Je fais un petit triangle et après 45 mn de vol, je suis de retour au TO à 1000 m d'altitude. Je me réchauffe mais après quelques minutes, j'ai une onglée très violente et je ne peux plus me concentrer. La douleur passe et je me retrouve dans des thermiques très forts à nouveau. OK je repars pour un petit vol, ce serait quand même dommage d'atterrir si tôt par une telle journée ! Je repars vers le NW et décide d'aller vers le col de Bleine, où je n'ai jamais volé encore et où de très beaux nuages se sont formés. Je suis un peu inquiet de devoir atterrir par là, mais il y a de grands champs dans les vallées. Et le NW c'est la route vers la maison et puisqu'Anne doit me prendre au retour, ce n'est pas un problème.  Arrivé au col de Bleine, j'atteins 3300 m, toujours pas au plafond mais il fait trop froid, peut-être -17°, soit une température ressentie d'environ -30° en volant à 60 km/h. 
Le Haut-Montet avec le plateau de Cavillore derrière
Je constate maintenant qu'il est possible d'atteindre Saint-André avec son terrain d'atterrissage familier et sa manche à air ! Je continue WNW sur le côté est du Teillon. Je sens à nouveau mes doigts geler, je tremble de froid de tout mon corps. Je traverse plein de bons thermiques sans les prendre car il faut maintenant atterrir le plus vite possible.  Sur les derniers 20 km en finesse jusqu'à Saint-André, je m'attends à rencontrer un vent du NW mais il n'est pas fort. Je me pose à côté du lac dans la zone d'atterrissage d'Aerogliss, tout seul, personne ne vole ici.

Il me faut quelques minutes avant de pouvoir défaire le zip de mon harnais. Je fais un footing pendant 10 mn en aller-retour sur la piste et les sensations reviennent dans mes doigts après l'onglée. J'appelle Anne qui est toujours en balade à Gourdon, elle estime le temps qu'il lui faut pour me rejoindre à 2 heures. Super ! Saint-André est sur notre route de toutes façons.
Tout seul à Aérogliss
Ce fut donc un week-end assez imprévu : venus à Grasse pour échapper à l'hiver de Ribiers, j'ai expérimenté le froid le plus intense de ma vie !


Le lien vers mon vol OLC

Pour un pilote, il est intéressant d'analyser tous les éléments différents qui doivent être associés pour pouvoir voler : d'un côté, les aptitudes physique et mécanique (le corps, l'aile), de l'autre les décisions émotionnelles et l'état psychique. L'association des deux et l'impact des unes sur les autres doit être harmonieux pour bien voler. Tout déséquilibre conduit abandonner le vol car c'est le mental qui prend le dessus sur l'action mécanique, et là il n'y a plus qu'à atterrir et se réchauffer !

En regardant par la fenêtre de chez nous maintenant !


Commentaires

  1. Bravo pour ton vol! moi j'avais trop froid pour faire le plafond ;o) Content de t'avoir incite a venir decouvir ce site!

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