Trail des Hameaux : le métier qui rentre !


Cette saison, je me consacre exclusivement au trail. Plusieurs gros objectifs jalonnent mon année 2014 avec une montée progressive en distance. Le week-end écoulé vient me confirmer que j'ai passé un cap avec succès, tout en continuant à me fier uniquement à mes sensations, sans recours à aucun plan ni conseils extérieurs.

La montée en charge double plus (ou + +)
Mark et moi avons entendu parler de cette méthode d'entrainement il y a quelques années pour l'entrainement en cyclisme longue distance. En ce qui me concerne, ça a toujours bien marché. En résumé, il s'agit de faire beaucoup un jour, et encore plus long et difficile le lendemain ou le surlendemain. Bien entendu, plusieurs facteurs entrent en jeu : condition physique, météo et objectif... J'ai appliqué ce principe vendredi et dimanche et le résultat est surprenant !
Montagne de Lure (photo by Mark, vol de mai 2012)
Vendredi : à l'assaut de la Montagne de Lure : 28 km, 1450 D+, 5h00
Lure est un monstre. Petite soeur du Ventoux (c'est la même chaîne de montagne), sa face nord est abrupte : au pied de la montagne à 560m, et au sommet à 1826 m. Elle nous nargue sous nos fenêtres et chaque montée ou descente en vélo a été éprouvante : 25 km de lacets, ça marque l'organisme.
Vendredi matin, je me gare à Valbelle à 560 m et je teste mon équipement trail longue distance : j'ai un sac avec 3 litres d'eau, GPS avec la trace du parcours, batterie de recharge, carte IGN, de quoi nourrir un régiment et mes bâtons. 
La première partie est agréable et très jolie sur les vieux sentiers parmi les genêts en fleur. On redescend assez rapidement sur le relief qui précède la Montagne de Lure. Après quelques errements pour trouver mon chemin avec un GPS qui contredit l'IGN... me voici sur la route forestière Jean Richaud qui amène au col du même nom sur la crête. Ce sentier est très escarpé, bien signalé mais malheureusement peu entretenu. Il est barré de hêtres couchés en plusieurs endroits qu'il faut escalader. Forêt profonde de mélèzes immenses et de hêtres gris, silence, personne à l'horizon : Lure est toujours aussi déserte ! 
Arrivée en crête, le paysage est magnifique : Hautes-Alpes au nord, Durance et Verdon au sud. Encore des arbres couchés à escalader, je franchis le col de la Croix, le Cairn 2000 et le col du Pas de la Graille où passe la route, puis j'arrive au sommet où perchent les antennes. Après une petite pause, retour au Pas de La Graille pour la descente par une variante. Le sentier coupe la route en plusieurs passages, et je traverse de véritables tunnels de végétation où il faut baisser la tête. Arrivée dans un grand terrain de coupe, les chemins sont nombreux mais sans signalisation, je suis ma flèche GPS et je crois que je fais quelques détours pour arriver finalement au Jas de Madame puis au Col de Sumiou. La descente vers Valbelle est très très longue, mais le sentier sur la falaise est magnifique. Je suis prudente en descente et je retiens les chevaux, il ne faudrait pas que je me casse la binette dans un endroit perdu comme celui-là ! 
Enfin Valbelle est en vue, ça fait 5 heures que je suis partie, et j'ai hâte de retrouver ma voiture !

Dimanche : parcours des 7 cols du trail des Hameaux, Côtes de Corps (38), 42 km, 2230 D+, 6h15
J'aime bien les trails "villageois". J'ai l'impression qu'il y en a de plus en plus, peut être par opposition aux grandes messes et aux organisations de masse. Il y a 15 jours, j'étais avec mon amie Marie-Anne à Venterol (26) pour un trail de 21 km où nous étions environ 25 personnes. Quand on pense au travail de fléchage (irréprochable) et aux conditions d'organisations d'une course, on mesure l'effort consenti et le désintéressement des organisateurs. 

Le mont Obiou sous toutes ses coutures
La commune de Côtes-de-Corps, en sud Isère, organise depuis plusieurs années un Trail des Hameaux et un programme de courses différents à chaque fois. Je lis d'excellents commentaires dans Kikourou, et j'y vais pour le parcours de 42 km, baptisé 7 cols, un titre qui sonne agréablement à mes oreilles ayant été 2 fois finisher de l'épreuve des 7 cols de l'Ubaye en vélo.

J'ai rarement vu une organisation d'une telle qualité : ces gens-là savent accueillir ! A une autre échelle, c'est un peu une Ardéchoise cycliste. Tout le village semble réquisitionné pour l'occasion et c'est aux petits détails qu'on apprécie un tel accueil. Dans la salle de la mairie, après les formalités rapides et légères, je me dirige vers le coin café et j'ai l'impression d'entrer dans une pâtisserie ! 

Nous partons à 34 coureurs à 8h30 (d'autres courses et randonnées suivront). Je me place en dernière position, tranquille et l'esprit en phase avec mon plan de marche : maintenir 6 km/h, ne jamais courir dans les montées car j'y perds trop d'énergie pour un résultat nul, et arriver dans un relatif état de fraicheur.

Je perds vite de vue les autres concurrents et après 2 km nous montons autour du mont Chauvet où la vue sur l'Obiou est saisissante ! Je suis suivie à distance respectueuse par 3 VTT serre-file qui composent le convoi-balai. Je suis aux petits soins avec Daniel et Alain qui seront à ma poursuite dans les montées et debout sur leurs freins dans les descentes. Je mets un certain temps avant de me rendre compte que Daniel pilote un VTT électrique ! ça explique mieux la pêche qu'il a en montant des singles abrupts ! 

Côté balisage, c'est le top. De jolis panneaux bleus à chaque intersection, de nombreux signaleurs toujours prompts à l'encouragement sont postés un peu partout. Et toujours des rubalises dans le champ de vision. Il est vrai qu'avec si peu de participants, il ne faut pas compter sur un autre coureur pour trouver son chemin.
Le parcours est très varié : des singles en forêt, de belles pistes sous les grands arbres, un peu de route forestière, très peu de bitume, et des pâturages aux horizons qui n'ont rien à envier aux courses des Alpes du Nord ! Je remarque que parfois nous courons sur des sentiers herbeux qui ont été nettoyés à la débroussailleuse ...pour nous je suppose ! 

Des sentiers bien entretenus...
Au col de Parquetout que nous franchissons sur la route, je ne peux m'empêcher de me rappeler en détail ce jour (en 2006 ?) où, lors de l'un de nos "Alpes Open Tour" avec Mark (randonnée cycliste que nous avons inventée qui consiste à traverser en relais l'arc alpin à 2 cyclistes et une voiture), mon pneu a éclaté sur le col alors que je roulais seule et j'ai fait une réparation de fortune en déchirant une chambre à air avec mes dents...

Le parcours du trail nous amène à nouveau face à l'Obiou et au dessus de Côte-de-Corps et nous partons vers la Côte-Rouge jusqu'à 1900 m, point culminant du parcours. En descente, nous croisons la route qui mène à Notre-Dame de la Salette, un imposant lieu de pélerinage (le second de France, dans un cadre époustouflant). Dans la longue descente, je dépasse deux concurrents et j'allonge le pas. J'ai bien oxygéné mes muscles en exagérant ma respiration en montée et je n'ai, pour une fois, ni crampes ni jambes raides. Les derniers 5 km sont vallonnés et tournicotent dans la forêt jusqu'à nous faire perdre le sens de l'orientation !

Je n'ai pas regardé du tout mon GPS pendant la course et à l'arrivée, je suis stupéfaite de mon temps : 6h15, soit 6.72 de moyenne, c'est mon meilleur temps en trail ! A l'arrivée, encore des bénévoles aux petits soins : repas, cadeaux, tombola gagnante (j'ai gagné un superbe sac !). Franchement, pour 15 euros et tant de gentillesse : n'hésitez plus !  Au retour, je récupère Mark qui est venu à ma rencontre en vélo et qui serait arrivé jusqu'à Côte-de-Corps sans de multiples crevaisons qui l'ont retardé.

Bilan de ce week-end chargé : ce lundi je n'ai pas une seule courbature, ni les jambes lourdes. A trois semaines du Verdon Canyon Extrem (110 km et 7000 D+), on dirait bien que je suis prête !

Commentaires

  1. Hello Anne,
    Super les trails villageois du Sud ...
    Avec le Verdon Canyon Extrem, tu vas rentrer dans une autre dimension ... Je suppose que tu t'es bien documenté sur cette épreuve, réputée trés difficile. Question entrainement tu as l'air bien au point.
    Bon courage pour cette grande aventure, tant mentale que physique ...
    Au plaisir de lire ton récit.
    Bises.
    Poucet

    RépondreSupprimer
  2. Merci Poucet ! oui le Verdon c'est un gros objectif mais comme tu me connais je suis prudente : c'est le trail français avec la moyenne horaire la plus basse : 2.85 km/h ! A bientôt :-)

    RépondreSupprimer
  3. Salut Anne,
    Content de te voir en forme et aussi motivée pour tes "rendez-vous" 2014 ! Déjà avec le Verdon... Waouw... ça fait "rêver" ! Bonne continuation, alors, dans la préparation de cet objectif majeur... et, comme toujours, au plaisir de te lire !
    2ni

    PS : J'ai bien aimé revoir l'Obiou et ses paysages du pré-Oisan, qui me "parlent" un peu plus, "terrain de jeu" annuel et estival, depuis tant d'années... Merci.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire