France Italie Allemagne en passant par les Alpes

Le Col Baldiscio (2353 m) est en vue derrière le Lago Grande
Cet automne, Mark a rendez-vous chez Atos en Bavière pour la révision de son deltaplane. De chez nous, ça fait une trotte, mais en passant par le nord de l'Italie et le Sud Tyrol, nous saisissons l'occasion pour faire quelques nouveaux cols.
En septembre et octobre, nous avons consacré tout notre temps libre en commun à cette activité addictive qui allie sport et découverte : chasser de nouveaux cols en vélo ou en VTT. Cette collection homologuée par le Club des Cent Cols, je l'ai commencée il y a 18 ans. C'est une source de  motivation sans cesse renouvelée. Peut-être un jour atteindrais-je les 1000 cols ? C'est bien parti pour ça, mais avant la fin 2014 il sera peut être possible d'en avoir 700.

Mark n'est pas membre du club des Cent Cols, mais de nous deux, il est le moteur dans cette quête et il procède de manière scientifique pour nous emmener sur des parcours "rentables" : si je ne devais compter que sur moi, il me serait impossible de  programmer ces fantastiques circuits qui nous permettent d'engranger plusieurs cols en une sortie, sans se perdre et avec un ratio pédalage/poussage tolérable.

Mark est un expert des cartes IGN, de Google Earth et de la météo. Il aime rouler sur des pistes et adapte notre faible niveau technique au choix des parcours. J'ai donc appris à le suivre sans me poser de questions ni rechigner. Les parcours sont adaptés au plus faible de nous deux et en dix ans de chasse aux cols à ses côtés, on a rarement connu l'échec.


Samedi 25 octobre
Sur notre route vers la Bavière, nous faisons étape au nord des grands lacs italiens avec deux cols à plus de 2000 au programme. Ce matin il fait très frais mais il n'a pas gelé dans la nuit. Nous avons hâte de quitter cette vallée humide et très encaissée (Val Chiavenna) et de nous élever pour pédaler au soleil. Le col prévu aujourd'hui est un gros morceau : Passe Baldiscio à 2353m d'altitude, accessible en VTT.

Nous pédalons jusqu'à 2000 mètres. C'est parfois extrêmement raide, mais le revêtement alterne macadam et piste bien damée. Nous nous arrêtons un instant pour observer en plein travail un exploitant forestier juché sur une grue pilotant un robot génial qui débite en quelques minutes des troncs de 20 mètres et les envoie en bas de la montagne sur un câble : impressionnant spectacle !

Les Italiens sont les rois de la route. Rouler dans ces coins montagneux permet de mesurer le génie civil de ces bâtisseurs séculaires : ponts, tunnels et larges pistes qui montent très loin dans la montagne pour desservir un ancien fort ou un hameau. Aujourd'hui, quelques villages s'étalent le long de cette large piste, avec de magnifiques maisons restaurées aux toits de lauze. A 2000 mètres, c'est la fin du parcours pédalé et nous rencontrons comme prévu la neige qui est tombée la semaine dernière en fine couche.

Nous mettrons 1h30 à franchir les derniers kilomètres de sentier dans la neige, en longeant plusieurs lacs  dans un terrain très humide. Nous avons les pieds trempés et nous n'emmenons qu'un seul VTT là-haut : le mien qui est moins lourd même s'il pèse le poids d'un âne, cet animal ! La règle du Club des Cent Cols impose de franchir un col en vélo, mais rien n'interdit de le faire à pied avec son vélo à la main.
Quel est le point commun entre mon vélo et la musique style "angry german" que j'aime écouter quand je fais du sport ? Heavy Metal !

Enfin le voici ce col si loin de tout : Passo Baldiscio, frontalier entre la Suisse et l'Italie, paysage hivernal et personne à la ronde ! La descente n'est pas plus agréable que la montée dans les rochers glissants. Je réussis à mettre une jambe entière dans une congère qui masque une crevasse : "Normal, il y avait ton nom dessus !" .

Retour au hameau où Mark avait laissé son vélo, le temps d'une courte pause et nous redescendons vers la vallée avec les pieds congelés. Il est rare qu'on fasse tant d'effort pour gagner un seul col, celui-ci est particulièrement bien mérité : 6h15 d'effort pauses déduites, 1600 m de dénivelé positif et 40 km.


Dimanche 26 octobre
Même scénario qu'hier : la matinée est glaciale au fond de la vallée. Nous avons prévu de monter le col Spluga (2115m), frontalier entre l'Italie et la Suisse, accessible en vélo de route. Pour sortir de la vallée encaissée, les tunnels, galeries et épingles sont très impressionnants : c'est un mur vertical que cette route doit franchir ! C'est assez raide, mais pas plus qu'un autre col grâce à tous ces ouvrages. Pédaler dans les tunnels et galerie ouvertes sur un côté n'est pas très marrant, surtout quand on se prend le vent de face... mais l'effort en vaut la peine. Au soleil cette fois, nous passons les derniers contreforts avant un grand barrage que nous longeons sur quelques kilomètres. Dernier village à 1900m, et c'est le col où Mark, arrivé bien avant moi, bronze sur un banc en m'attendant.
Le barrage de Spluga : le col est au fond après le village

Nous contemplons ce que nous avons quitté : brume froide et humide en fond de vallée
Lundi 27 octobre
En Bavière, le plafond est très bas et ne se lèvera pas de la journée ... Nous prenons la voiture pour échapper à cette couche de grisaille humide et retrouver le soleil ! Deux petits cols attrapés entre l'Autriche et l'Allemagne : la couche de neige à cette altitude nous étonne, de même que les températures, très basses !

Petit lac dans la haute vallée du Thannheimtal, Tyrol autrichien
Col frontalier Autriche Allemagne  : seulement 1115m, mais une belle couche de neige déjà !

Commentaires