Chili et Argentine : 3eme semaine

Mercredi 2 janvier, de Futrono à Lago Ranco, 66km et 1025 D+

Le miel du Chili est excellent

 Quelle journée ! On savait que ça serait long mais pas si difficile ! Pour quitter l'hôtel ce matin, il faut remonter en ville, perchée au dessus du lac.Un peu de shopping (que de l'utile, on n'a pas de place pour le superflu), et on prend la route le long du lac pour Llifen où on espère pouvoir aller aux thermes !
Une coulée d'eau dans la lave

 En effet, un panneau discret et nous voici dans un petit complexe en bois avec une piscine thermale de trois bains souffres de différentes températures que nous partageons avec deux autres familles. Nous finissons par être seuls dans les lieux et profitons aussi du jardin avec son bain extérieur. En 30 mn, nous prenons des coups de soleil : ici les UV sont plus nocifs que chez nous, on a été imprudent en début de voyage et l'a bien regretté à cause des brûlures sur le visage et les lèvres...

 Après cette pause revigorante, il reste 44km le long du lac jusqu'à Lago Ranco : on va mettre 3h30 pour les parcourir ! Jamais vu une route pareille avec ce dénivelé de dingue : up, down, up, down.. j'ai appelé ça des 5/50: on roule à 5km/h ou à 50... et ça dure, ça dure... mais pour se motiver : c'est beau comme jamais, il fait chaud mais pas trop et le revêtement est superbe ! 

Mark peut encore rouler plus vite que ces cochons !

Jeudi 3 janvier, de Lago Ranco à Valdivia 103 km et 800 D+ 


 C'est une journée de transition. Nous quittons la région des lacs pour rejoindre Valdivia et la côte Pacifique : après les Andes, les volcans et les lacs, nous avons envie de voir un petit morceau des 4200 km de la côte pacifique chilienne.
Magnifique rio Bueno qui va lac au Pacifique

 Il faut faire sacrément confiance à son GPS pour quitter la route au début de l'étape et plonger sur un petit chemin de terre. Voici quelques mots sur la navigation, que j'adresse tout particulièrement à mes parents qui ont fait des milliers de kilomètres en cyclotourisme :

 Aujourd'hui avoir une carte routière est toujours utile pour avoir une vision d'ensemble ainsi qu'une idée du relief. Mais avant de partir, j'ai chargé une partie des cartes Openstreetmap (open signifie accès libre donc gratuit) du Chili et de l'Argentine dans mon compteur Garmin 520. Ensuite j'ai installé l'application Garmin connect sur mon smartphone (qui fonctionne ici avec une carte SIM locale et rechargeable mais la plupart du temps en wifi). Enfin chaque jour, sur le site internet Garmin (mais pas sûr l'application qui ne permet pas cette fonctionnalite) je trace notre itinéraire sur le minuscule écran. Enregistrement puis transfert de l'application au compteur : et voilà ! Ça permet de tracer son parcours au jour le jour et de ne pas avoir à s'arrêter pour consulter sa carte comme au bon vieux temps !
 Je suis devenue très dépendante de cet outil et toute la journée je me vois avancer sur la courbe de dénivelé de mon écran et je regarde défiler la carte détaillée sur laquelle sont annoncés hôtels et cabanas (à condition qu'ils soient bien référencés).

 Revenons à notre voyage du jour : nous voici donc dubitatifs sur ce petit chemin qui se transforme en piste et nous fait longer le lac et traverser plusieurs fermes, champs et cultures arboricoles diverses (non identifiées). Trois heures après, nous sommes toujours au milieu de nulle part avec 30km effectués...

 Finalement on débouche comme prevu sur une route nationale avec un gros trafic, notamment de camions chargés de bois pour lindustrie du papier. Ça roule vite et les voies sont étroites : chacun reste à sa place, nous à l'abri dans la voie cyclable au revêtement rugueux. C'est pas rigolo mais on a vu pire... et nos 60 km s'écoulent.

 Ce soir à Valdivia, dicussion animée sur la situation troublée de la France dans une chouette auberge de jeunesse... Bonne nuit !


Vendredi 4 janvier, de Valdivia à Corral, 35 km


 Journée laborieuse : nous profitons d'être en ville pour nous procurer l'emballage nécessaire au conditionnement des vélos pour l'avion lundi. En quête de bâche et de scotch dans différentes ferretaria, nous brandissons notre traduction google sur smartphone aux vendeurs. Scène de quartier commerçant animé. Ici il faut savoir attendre son tour, les Chiliens sont placides et disciplinés. Mais si on se fait un peu remarquer (avec notre look c'est pas difficile !), ça marche : l'important c'est le sourire ! Bref, nous voici répartis avec 8 mètres de bâche tissée et 6 rouleaux de scotch, arrimés sur notre bagage arrière : les gens doivent croire qu'on dort là-dedans !
A Valdivia reconstruite, devant le Pendule de Foucault. Nos baches arrimés à l'arrière font désordre...

 Sur la rive du quartier touristique de Valdivia, alors que nous essayons de comprendre comment le Pendule de Foucault, ici-même installé, fait la démonstration de la rotation de la terre sur elle-même, nous sommes abordés par un gars sympa parlant l'anglais (c'est rare ici !) qui nous montre la fenêtre de son bureau duquel il voit les bikepackers s'arrêter pour faire une pause, et auprès desquels il descend pour parler voyage...

 Il nous confirme que Valdivia qui est l'endroit du globe où l'échelle de Richter a atteint pour la seule fois 9,5 en 1960, a conservé quelques bâtiments d'origine mais s'est reconstruite sur ses ruines.

 En repartant vers Niebla où nous devons prendre un ferry, Mark avise un buisson de bambous sur le bord de la route : "Et si on cachait nos baches ici ? En repassant dans deux jours, on les récupèrera ! " Habitude de nos virées en montagne où on cherche toujours  à se délester dans un fourré avant une grimpee. On verra si dimanche prochain on les retrouve...

A Niebla, nous arrivons juste pour le départ  du bateau qui traverse le rio Nuebla en une demi-heure. Débarqués à Corral, nous sommes franchement inquiets vu la décrépitude du village en tôle rouillée de la possibilité de trouver un hébergement décent. Parfois il faut sortir son arme secrète, autrement appelée Booking.com... ici ça marche aussi !

 Une fois installés, a l'occasion d'une dernière balade pour notre ravitaillement, nous longeons un cargo chinois de 200m de long planté dans ce décor comme le serait un éléphant dans un magasin de porcelaine. Par un tapis roulant y est chargé du bois en copeaux : c'est le fameux bois dont nous avons vu les plantations partout (pins, eucalyptus), puis côtoyé les camions le transporter sur la route, pour le retrouver ici broyé en copeaux avant d'être chargé sur un cargo pour faire le papier des journaux... en Chine ! Le monde est grand !


Samedi 5 janvier, sur la ruta del mar , 50 km et 800 D+


 Pour ne pas attirer la poisse, je n'ai pas encore parlé de la météo. Mais maintenant que le voyage se termine, nous ne craignons plus de prendre des seaux d'eau sur la tête, selon l'expression utilisée souvent pour décrire le climat au Chili : les perturbations arrivent du Pacifique, buttent sur la Cordillère des Andes et se déversent sur le Chili. A Corral, il tombe ainsi 2000 mm de pluie par m2 par an, à titre de comparaison, à Brest, c'est 1300 et c'est déjà beaucoup !

 Alors oui, nous étions préparés à cela en venant rouler au Chili, mais nous sommes très soulagés de n'avoir eu qu'un seul jour de pluie en 3 semaines ! Et ça change tout évidemment quand on voyage en velo...

 La journée d'aujourd'hui est parfaite, et cette route côtière une merveille. Mais il y a un vrai changement dans cette presqu'île accessible uniquement par une longue piste montagneuse ou par bateau : c'est la pauvreté. Dans ce territoire d'indiens Lafkeche, on se demande bien de quoi les gens vivent sinon de la pêche (mais on n'a vu ici que des barques) de la collecte et du commerce d'algues , et d'un peu d'élevage. La colline est tellement verticale, que les vaches sont perchées en équilibre improbable vu de la route, et aucune culture n'est possible.
Conciliabules de corbeaux géants 


 Après une vingtaine de kilomètres, c'est le bourg de Chahuin posé sur la rive d'un vaste estuaire où de surprenantes dunes créent un espace protégé apprécié des pêcheurs et des enfants qui pataugent dans l'eau froide. Alors que nous pique niquons à l'écart sur des rochers, des dizaines de dauphins luisants sous le soleil s'ebattent dans la baie abritée. Malheureusement, la chaleur semble exciter les taons énormes qui finissent par nous faire fuir.
La dune de Chaihuin 

Dimanche 6 janvier, 78 km 


 Ce matin nous entamons le retour à l'aéroport local de Valdivia d'où nous decollerons demain avec nos vélos empaquetés pour Santigo du Chili puis pour Rome et enfin Marseille. Si tout va bien le voyage devrait durer 2 jours ! Le retour est évidemment la partie la moins fun du voyage avec beaucoup de stress (lié à nos bagages encombrants) et d'attentes longues pendant lesquelles il faudra réussir à dormir pour être en forme et reprendre le boulot !
Les fameux paquets de bâche dissimulés deux jours et récupérés à notre retour de la presqu'île de Corral

Dans les jardins de l'Isla Neta

Immenses eucalyptus de la forêt de Valvidia
Ada dans la jungle

Avant...
...Après 

Total des kilomètres parcourus en 16 étapes : 1266. Dénivelé positif : 15900 m

Vous avez été nombreux à nous suivre et nous vous remercions beaucoup pour cela. Grâce à ce blog et à ce que j'y raconte depuis dix ans, il nous reste une trace ailleurs que dans notre tête des impressions et enthousiasmes que nous procurent nos aventures sportives. Il y en aura d'autres, à bientôt !

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