Le Col Agnel en VTT sur piste damée


Il y a deux jours, j'ai lu cet article dans La Provence : "Les bonnes conditions d'enneigement et la stabilité du manteau neigeux permettent le damage du Col Agnel jusqu'à son sommet qui culmine à 2 744m d'altitude. Le mythique col Agnel sera donc lissé et tracé dans son intégralité dans la nuit de samedi à dimanche ajoutant 5 km au parcours traditionnel de 15 km (aller/retour) qui débute du Pont de Lariane jusqu'au refuge Agnel."...

Le Col Agnel est l'un de nos préférés : à 2744 m d'altitude, il est frontalier avec l'Italie. Nous l'avons gravi au moins vingt fois en vélo, d'un côté ou de l'autre, ou des deux.... Nous y avons des souvenirs forts. Une fois, arrivés au sommet, on a repéré un col juste à côté et on est partis en chaussettes le vélo à la main sur le sentier herbeux pour ajouter un précieux nouveau col à ma collection du Club des Cents Cols... Une autre fois, je l'ai monté en courant à partir de Molines-en-Queyras. Interrompue par un violent orage, j'ai du redescendre en stop, et Mark m'a ensuite remontée en voiture jusqu'au même point pour que je puisse le terminer. Je me rappelle aussi l'avoir monté en taxi avec mon vélo dans le coffre quand j'ai du abandonner sur le parcours de la Super Rando et ses 350 km... Bref, Mark et moi nous avons une histoire avec le Col Agnel...

Moi, quand j'ai lu cet article, j'ai plutôt pensé le monter en raquettes ... mais Mark, jamais à court d'imagination, s'est dit qu'en VTT ça devait être possible... Avant de se lancer, j'ai appelé l'office du tourisme de Molines-en-Queyras : "Oui, c'est possible en vélo c'est une piste multi-activité... ". Alors OK : let's try it!

Samedi soir, départ pour Château Ville-Vieille à l'hôtel où nous arrivons tard. Je passe une mauvaise nuit, stressée par l'événement : la nuit les pensées négatives me submergent souvent, et je me vois par terre, un bras ou une jambe cassée, évacuée en hélicoptère, bref... nous n'avons aucune idée de ce qui va se passer sur ce col en VTT !

Dimanche matin à Molines-en-Queyras, il fait juste zéro degré, on ne traîne pas : à 9 heures sur nos vélos, nous gravissons d'abord 5 km de route goudronnée, la montée est assez brutale par endroits, j'ai le petit déjeuner sur l'estomac...

Passés les deux superbes villages de chalets, nous arrivons enfin au bout de la route : maintenant c'est tout blanc, la route n'est pas déneigée et la piste damée suit le même itinéraire ! Il y a beaucoup de skieurs qui montent comme nous.

Première impression : la neige est dure et ça roule bien. Le crissement sous nos roues est agréable, nous avons de très bonnes sensations pendant une poignée de kilomètres. Je surveille le thermomètre de mon Garmin car depuis un mois, il y a une inversion des températures. C'est à dire que plus on s'élève, plus il fait chaud et ça c'est pas bon pour la neige... A 2000 mètres, il fait 5 degrés, à 2500 mètres, 14 degrés.. Bon c'est vrai qu'il est midi, mais la neige ne nous porte plus, on s'enfonce... donc on marche en poussant nos vélos.

A mi-chemin, le contrôleur du domaine skiable vient à la rencontre des usagers et ne se montre pas surpris de nous voir, mais nous informe que plus on va monter, plus la neige sera molle... Nous payons chacun 3€ de participation pour le damage.

Le col est en vue, le ciel est d'un bleu profond, splendide. Certains skieurs se montrent curieux et ont tout compris : "Vous allez être les premiers à monter le col Agnel en vélo cet année !". D'autres sont indifférents, voire critiques : nous allons abîmer la piste... Ben, tant pis, désolés mais c'était plus fort que nous ...

Encore quelques kilomètres. Chaque fois que c'est possible on pédale, mais la roue arrière s'enfonce. Il aurait fallu un Fat Bike avec d'énormes pneus : mais ceux-ci ne sont pas faits pour la montée (trop lourds).

Dernières épingles, on se régale : ça y est, nous voici sur le col où un petit vent italien glacial nous accueille ! Séance photo, pique-nique à l'abri, et nous abordons la descente que je redoutais tant ...

Mais ça se passe beaucoup mieux que prévu ! Tout en haut quand la neige est très molle, ça n'avance pas trop et dès qu'on prend de la vitesse, la route arrière chasse dans tous les sens. On fait tous les deux quelques cabrioles...

Quand on retrouve la neige dure, on peut descendre à environ 25 km/h. Mais il faut toucher très subtilement le frein arrière, et rester très concentrés. Quelle belle descente !

Voilà, c'est le goudron à nouveau ! Encore un nouveau défi : heu-reux !


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