Chili et Argentine : voyage à vélo dans la région des lacs - Première semaine


Nous partons vers l'été alors que l'hiver s'installe chez nous. Au programme de ces trois semaines de voyage au Chili et en Argentine : à l'arrivée à Santiago, nous repartons immédiatement par un vol intérieur pour Puerto Montt , porte de la Patagonie, à laquelle  nous tournerons le dos pour explorer la région des lacs et des volcans, plus clémente et très spectaculaire. C'est une immense excitation de commencer un voyage avec souplesse et liberté, et tracer notre route au jour le jour. Trois règles à respecter : rouler dans de beaux paysages, trouver un lit chaque soir, et éviter la pluie...

Le voyage

Mercredi nous quittons la maison avec nos vélos bien emballés pour un voyage de 14000km de Marseille à Puerto Montt avec 3 vols.En partant pour l'aéroport, nous n'avons pas fait 15km que Mark casse une branche de ses lunettes de vue en les nettoyant alors que je conduis. Il est encore temps de faire demi-tour pour tenter une réparation chez l'opticien. Il est très réactif et cherche la meme monture qu'il n'a pas en téléphonant dans un autre magasin non loin. Bingo : Mark c'est ton jour de chance ! Nous nous y rendons et l'échange est fait en quelques minutes...

A l'aéroport, nous trimballons nos vélos dans leurs jolis paquets : l'oeuvre de Mark ! Il ne faut pas risquer de casse et pouvoir se débarrasser de l'emballage à l'arrivée. De Marseille nous décollons pour Rome, puis prenons un vol de nuit de 14h jusqu'à Santiago du Chili. Très éprouvant ce vol : on mange mal, on est très serrés, c'est une nuit qui n'en finit pas ! A Santiago, escale un peu plus longue et profitable pour acheter une carte SIM, de superbes cartes routières, et s'acclimater à la monnaie locale.

A Puerto Montt, nous sommes scotchés par la vue environnante : du bord de mer, face aux ilots découpés on voit deux volcans et des montagnes enneigées  au loin. Il fait 22 degrés et très beau. Ici le soleil se couche a 21:30 et se lève à 6:30 !

Premier jour de vélo  : 84km au sud de Puerto Montt


Ce matin nous avons remonté nos vélos et tout vérifié en allant faire un tour dans la campagne. C'est très vert ici : il y a plein de plantes et d'arbres qui poussent aussi en Europe mais tout est beaucoup beaucoup plus grand !

Nous avons eu notre premier contact avec les pistes non goudronnées, inévitables... c'est assez stable mais les risques de dérapages sont sérieux... J'ai déjà touché le sol une fois... La région est très calme et sans doute assez pauvre. On voit beaucoup de cultures diverses et d'élevage mais sur de minuscules parcelles. Pour finir la journée qui était assez couverte, les nuages ont laissé le soleil illuminer la baie de Puerto Montt couronnée de sommets enneigés vers lesquels nous irons demain.

Samedi 22 décembre, 96 km, de Puerto Montt à Puelo


Grand départ ce matin : nous partons pour l'inconnu ! C'est l'essence même du cyclotourisme : rouler toute la journée et ne pas savoir où l'on dormira ce soir. Pour le commencement de notre voyage, ce fut une journée parfaite qui a débuté par... 10 km sur une piste cyclable en front de mer : le pied ! Puerto Montt n'a rien pour nous retenir, mais a fait en sorte que nous la quittions avec aisance. Nous sommes bien sur nos vélos confortables : nos VTT à suspension avant ont des pneus se taille intermédiaires, et une sacoche arrière et avant. Avec le sac à dos, le tout pèse 28 kg.



Une cinquantaine de kilomètres en bord de mer plus loin, nous arrivons à l'embarcadere du ferry. Il y a deux façons de signaler un centre d'activités au Chili : un drapeau Pepsi ou un drapeau Coca Cola. Oui, c'est bien ici que la Carretera austral s'interrompt : tout le monde embarque pour 30 minutes de bateau pendant lesquels le soleil perce et le mont Yates enneigé surgit.

En quittant le ferry et la route principale, nous quittons aussi le civilisation pendant trois heures sur la piste le long du fjord du Rio Puelo. Ici et là quelques fermes marines dont nous croisons les transporteurs et leurs énormes bacs de poissons (vivants). Sinon rien, ni personne ou presque. Pas un mètre de plat, ça monte et ça descend tout le temps. Mais quelle vue, quelles couleurs... un mélange de sommets alpins, de forêt tropicale et de fjords au bleu scandinave. Partis vers 10h ce matin, à 17h nous avons toujours le projet de dormir au village de Puelo. En arrivant dans cette bourgade étalée dans entre deux bras de fleuve, on se croirait dans un village alpin tant l'air est vif, mais l'altitude est celle de la mer.

 La première hospidales est la bonne : pour 35000 pesos (environ 40€), notre chambre est sommaire, la salle de bains commune avec celle de la famille, mais le repas de soupe, viande et légumes frais est excellent et arrosé d'un Merlot chilien.

Dimanche 23 décembre, 85 km et 1100 M D+ , de Puelo à Ensenada 


Puelo restera comme une halte chaleureuse et mémorable : pas sûr que nous trouvions à nouveau un si chouette hébergement. Alors que nous roulons sur la piste depuis une quinzaine de kilomètres arrive un couple hollandais en cyclotourisme. Âgés, ils ont 5 sacoches chacun et transportent leur maison avec eux. Notre équipement minimaliste fait contraste.





 Le long du fjord, nous observons des oiseaux au bec coloré puis des cochons qui se vautrent dans l'eau salée ! A Cochamo, toute l'activité est concentrée sur l'escalade : on est entouré de sommets enneigés. Les rares habitants élèvent des ruches, on vend du miel partout.


L'après midi, la température monte encore par sous un ciel sans nuages et nous nous couvrons bras et jambes pour ne pas brûler plus. Enfin, retour sur le macadam et la route jusqu'à Ensenada est un lisse billard presque plat qui nous permet de remonter un peu la moyenne. Étape à Ensenada sur les bords d'un immense lac où la proximité du volcan Osorno fait grimper les prix. Encore une journée parfaite pour le cyclotourisme !

Lundi 24 decembre, 111 km 1400 D+,  de Ensenada à Agua Caliente

Notre projet est de profiter au maximum de la région des lacs qui se poursuit en Argentine. Il y a plusieurs cols-frontière qui permettent de franchir la cordillère des Andes. Le problème est que cette étape (et les suivantes !) vont être tres difficiles : minimum 100 km et beaucoup de dénivelé. Nous avons cherché toutes les informations disponibles sur les hébergements existants pour raccourcir ces étapes. Mais il y a seulement un village tous les 100km et pas sûr qu'on puisse y dormir ! Ce matin, on a décidé de laisser venir et tenter notre chance, confiants que les Chiliens ne nous laisseraient pas dormir dehors un soir de Noël...

 Mais avant le départ, quelques mots sur le petit déjeuner tres international pris au gîte : sur 11 personnes à table des autrichiens, une brésilienne, un canadien, deux italiens, un couple d'indiens et nous deux ! Ici, les voyageurs vont ou viennent d'Ushuaia. Nous voyageons sur une autre échelle mais passons peut être plus longtemps sur la route tous les jours. Ce qui permet de voir beaucoup de choses...
... et la route ce matin a été tout à fait spectaculaire : toujours le volcan Osorno et son glaçage de Noël, un lac bleu profond, la forêt tropicale (bambous, eucalyptus, fougères et rhubarbe géantes), des tapis de fleurs (lys sauvage et buissons de fushias)... et absolument personne. Nous sommes tout seuls ici !

Nous entrons ensuite dans une campagne qui pourrait être française : beaucoup de vaches, des bosquets de grands chênes, des grosses fermes, des camions de lait... Un lac plus loin et nous observons des pêcheurs à la mouche qui sont dans la rivière d'une eau incroyablement transparente.

 Quelques kilomètres après, nous voici sur une très longue route rectiligne sur 20 km qui traverse des plantations serrées d'Eucalyptus atteignant les 30 mètres de hauteur... un peu flippant les grincements et cris qui sortent de cette forêt... La matinée est passée facilement avec tous ces paysages à observer et à comprendre.

 Arrivés à Entre Lagos avec 80 km parcourus, on se motive pour avancer encore quelques heures de et tenter un hébergement à Aqua Caliente, zone thermale à 30 km. Les 5 derniers kilomètres sont très raides et ne sont pas sur notre itineraire : et il faudra les redescendre demain... mais il y a un camping et des cabanas !

Nous arrivons assez éprouvés de chaleur et de fatigue et passons la nuit sous un toit original puisqu'il s'agit d'un dôme... en plastique. Nous fermons les yeux sur le prix exorbitant de 90 € pour la nuit mais il n'y a pas d'autre choix... Après tout c'est Noël et nous fêtons notre étape réussie d'un repas frugal et froid sur la terrasse au bord de la rivière.


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